Les passagers d'un vol s'aperçoivent peu à peu qu'ils ont tous en commun le fait d'avoir connu un certain Gabriel Pasternak, et de l'avoir soit méprisé, soit enfoncé lors de ses essais créatifs. Ils se rendent bientôt compte que leur "ennemi" commun se trouve lui aussi à bord...
Lorsque l'on visionne ce film en juin 2015, c'est évidemment cette première histoire qui capte immédiatement l'attention et vrille profondément les tripes, étant donné le drame survenu en mars dernier avec le vol GWI 18G de la Germanwings. Contrairement aux films d'horreur classiques, qui explorent les situations souvent les plus improbables, ces différents sketches plongent avec une délectation morbide dans le quotidien le plus prosaïque, ce qui leur confère une puissance émotionnelle incontestable. Existe-t-il un automobiliste qui n'a pas craint un jour de tomber sur le chauffeur de la troisième aventure ? Qui n'a pas éprouvé un jour l'envie de désintégrer un service des impôts ? Le scénariste réalisateur met ici en scène des personnalités banales, que l'on croise tous les jours, mais dont l'égo survitaminé saisit brusquement le volant de l'existence quotidienne. Cette observation de cas pathologiques à la fois exceptionnels et ordinaires se fait avec plus ou moins de subtilité suivant les épisodes. La scène du restaurant ne brode pas dans la dentelle. Mais, avec le temps, la dissection de ces pétages de plombs gagne légèrement en profondeur, tout en conservant des facettes aussi hilarantes que terrifiantes. Le dénouement, qu'il serait prétentieux de qualifier de "happy end", tempère superficiellement la sauvagerie de l'entreprise, mais laisse un goût amer.
Dans le genre acide, corrosif et parfois, avouons-le, jubilatoire, c'est une réussite.
Bernard Sellier