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La nuit des généraux,
      (The night of the generals),       1967, 
 
de : Anatole  Litvak, 
 
  avec : Peter O'Toole, Philippe Noiret, Omar Sharif, Donald Pleasence, Tom Courtenay, Joanna Pettet, Christopher Plummer, Charles Gray,
 
Musique : Maurice Jarre

  
   
Varsovie, 12 Décembre 1942. Maria Kupiecka, une prostituée, est sauvagement assassinée. Un témoin aperçoit la tenue du coupable, qui est celle d'un Général allemand. Le Major Grau (Omar Sharif), su Service de Sécurité, est déterminé à trouver le coupable. Trois Généraux n'avaient pas d'alibi pour la nuit du meurtre : Kahlenberg (Donald Pleasence), Von Seidlitz-Gabler (Charles Gray) et le "héros" de Léningrad, nouvellement arrivé à Varsovie, Tanz (Peter O'Toole). Mais, dès qu'il commence à vouloir rencontrer les trois suspects, Grau se heurte à un mur. Kahlenberg le recommande d'ailleurs pour une promotion de Colonel, et une mutation à Paris. Juillet 1944. Les quatre hommes se retrouvent dans la capitale française, un mois après le débarquement en Normandie, et Grau contacte un policier, l'inspecteur Morand (Philippe Noiret), afin de reprendre son enquête... 
 
   Étonnant mélange de film de guerre et d'enquête policière, l'oeuvre surprend également par sa distribution particulièrement riche, ainsi que par la disproportion entre l'apparente futilité du sujet principal (après tout, qui pouvait, à l'époque, se soucier de la mort d'une prostituée alors que des millions de personnes mouraient sur le front ou dans les camps ?) et les deux contextes particulièrement dramatiques qui servent de toile de fond à l'intrigue. Pourtant, aussi stupéfiant que cela paraisse, la fusion de ces éléments hétéroclites fonctionne plutôt bien. En grande partie, grâce à la mise en confrontation de deux personnalités fortes. D'une part, le Major Grau, singulier personnage qui semble étranger à la guerre, obsédé par l'idée d'une justice absolue qui n'épargnerait personne et s'affranchirait aussi bien des grades que des intérêts militaires. Zélé, obstiné comme un chien de chasse flairant une piste, il est certes peu analysé psychologiquement, mais trouve, grâce au flegme distancié d'Omar Sharif, une crédibilité qui ne semblait pas, a priori, acquise. D'autre part, le Général Tanz, sorte de zombie obsédé par la propreté, au regard fixe, halluciné, habité par un Peter O'Toole toujours aussi envoûtant. Il suffit de le voir quelques minutes, fumant tranquillement sa cigarette tandis que, devant lui, les lances-flammes détruisent le guetto de Varsovie, pour ressentir au fond de ses tripes la folie diabolique de la barbarie nazie.  
 
   Il est possible de regretter le classicisme tranquille avec lequel le réalisateur parcourt cette interminable enquête (le dénouement aura lieu en 1965 !), ainsi que d'ergoter sur la vraisemblance de cette obsession de la recherche d'un coupable, d'autant plus que le scénario développe peu la personnalité de l'inspecteur Morand. Mais, tel quel, le film demeure intéressant, même s'il ne soulève pas l'enthousiasme.
   
Bernard Sellier