O Fantasma, film de Joao Pedro Rodrigues, commentaire

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O fantasma,
       2000, 
 
de : João Pedro  Rodrigues, 
 
  avec : Ricardo Meneses, Beatriz Torcato, Andre Barbosa, Eurico Vieira,
 
Musique : ?

   
   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...

   Sergio (Ricardo Meneses) est un jeune éboueur portugais homosexuel. Il vit principalement la nuit, arpentant rues et décharges à la recherche d'une satisfaction toujours renouvelée et toujours plus intense... 
 
   Les premières images s'ouvrent sur un chien. Et les quatre vingt dix minutes qui suivent perpétuent jusqu'à la nausée cette identification à notre animal favori. Au point que le film, dont le contenu ravale la signification noble du titre à la quête d'une bête primitive, pourrait s'appeler beaucoup plus justement : "erreur d'incarnation". Toute l'existence de Sergio se résume en réalité à une suite de comportements qui n'ont pas grand chose à voir avec l'humain, même antédiluvien. Il marche souvent à quatre pattes, lèche tout ce qui se présente, du visage de sa collègue Fatima aux murs, en passant, occasionnellement, par la braguette d'un flic, pisse chez celui qui lui résiste pour marquer son territoire, passe sous les grillages, fait les poubelles jusqu'à s'identifier, à la fin, à une sorte de fantôme surnaturel hantant la décharge publique, se branle de temps en temps et ferait presque passer les héroïnes de Catherine Breillat pour des personnages particulièrement équilibrés, à la communication un peu anarchique (!), certes, mais très évoluée ! C'est dire le niveau de fantasme jouissif, de richesse intellectuelle et de ravissement visuel auquel nous confronte le réalisateur ! Ajoutez à cela que Sergio doit, en tout et pour tout, éructer une cinquantaine de phrases de cinq mots maximum, dont la moitié à son chien, et vous aurez une vague idée du contenu inspirant de l'oeuvre.  
 
   En bref, l'archétype du film qui élève la conscience de l'homme, lui fait entrevoir la plénitude charnelle et le rapproche de l'orgasme cosmique... Sarcasme mis à part, le sexe est ici encore plus triste que chez Breillat, et surtout, d'une désespérance et d'un ennui absolus.  
 
   Cela dit, il en est qui considèrent cette évocation glauque, vomitive et sinistre comme un chef-d'œuvre souverain et... inspirant (sic) ! ( Chronic'Art ). Il en faut bien pour tous les goûts et toutes les délectations. Simplement, il est évident que nous n'avons pas été modelés par le même moule planétaire... La beauté naît de la diversité !

   
Bernard Sellier