Odette Toulemonde, film de Eric-Emmanuel Schmitt, commentaire

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Odette Toulemonde,
        2006,  
 
de : Eric-Emmanuel  Schmitt, 
 
  avec : Catherine Frot, Albert Dupontel, Jacques Weber, Alain Doutey, Fabrice Murgia, Nina Drecq, Bruno Metzger,
 
Musique : Nicola Piovani


 
Odette Toulemonde (Catherine Frot), veuve depuis une dizaine d'années, est vendeuse dans un grand magasin de Charleroi, et vit seule avec son fils Rudy (Fabrice Murgia) ainsi que sa fille Sue Ellen (Nina Drecq). L'illumination de sa vie, unique mais intense, réside dans la lecture des ouvrages de l'écrivain célèbre Balthazar Balsan (Albert Dupontel). Lorsqu'elle apprend qu'il va effectuer une dédicace à Bruxelles, elle se prépare fébrilement pour une rencontre qui devrait être mémorable... 
 
 Le thème fondamental de l'histoire, qui rappelle par certains aspects le sympathique "Romuald et Juliette" de Coline Serreau, ne manque pas, a priori, d'intérêt. La célébrité, les honneurs factices, le mirage des consécrations, tout cela "met de la gadoue dans les yeux" comme lançait avec justesse Firmine Richard à un Daniel Auteuil complètement à côté de ses pompes. Le bonheur réside dans la simplicité et l'authenticité. Même si cette vision est passablement réductrice, elle ne manque pas de vérité. Pour ce qui est du traitement narratif et visuel, c'est une autre affaire ! L'auteur-réalisateur a délibérément opté pour une représentation guimauve, onirique, simpliste, voyante, qui plonge assez souvent dans une nunucherie gênante. Certes le charme de Catherine Frot opère et permet de passer sur nombre de séquences qui frôlent le ridicule (les chorégraphies avec accent martiniquais... ouh la la...), tant le message est surligné avec des traits "hénaurmes". Mais le plus agaçant demeure surtout la galerie de personnages annexes qui semblent des caricatures de caricatures, du gendre bourrin qui pue des pieds au fils homosexuel vivant un nirvana permanant, sans parler du "Jesus" de Bruno Metzger, qui affiche une présence symbolique aussi lourde qu'affligeante. Le spectateur a l'impression que le créateur a compilé tous les stéréotypes possibles pour les déverser, bruts de décoffrage, dans une mise en images primaire et classique. Pourtant, quelques minutes peu avant la fin du film, laissent percer un rayon de lumière sensible, qui donne un goût furtif de ce qu'aurait pu être l'oeuvre, débarrassée de la couche indigeste de sucre raffiné dont elle est envahie jusqu'à l'écoeurement.
   
Bernard Sellier