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On s'fait la valise, docteur ?,
        (What'sup, Doc ?),         1972, 
 
de : Peter  Bogdanovich, 
 
  avec : Barbra Streisand, Ryan O'Neal, Madeline Kahn, Kenneth Mars, Austin Pendleton, Michael Murphy, Randy Quaid, M. Emmet Walsh, 
 
Musique : Artie Butler

  
   
Le docteur Howard Bannister (Ryan O'Neal), grand spécialiste en musicologie paléozoïque, arrive, en compagnie de sa fiancée Eunice Burns (Madeline Kahn), à San Francisco, où doit être désigné le lauréat de la fondation du richissime Frederick Larrabee (Austin Pendleton). Howard est en effet l'un des deux finalistes, le second étant l'helvétique Hugh Simon (Kenneth Mars). A peine arrivé à l'hôtel, Howard tombe sous les griffes de la pétulante Judy Maxwell, spécialiste pour s'introduire dans toutes les réceptions où personne ne l'attend. Pendant que le brave Howard se fait dévorer tout cru par la belle, un mic-mac invraisemblable se prépare, quatre personnes, dont un espion, et une vieillarde richissime bourrée de bijoux, ayant eu la malencontreuse idée de posséder la même valise... 
 
   Autant le préciser tout de suite, même si le fait est presque universel dans ce genre de comédie, l'intrigue n'a rigoureusement aucune importance. Seuls comptent les personnages et les situations comico-burlesques qui découlent de quiproquos en chaîne. Et dans ces deux domaines, le film de Peter Bogdanovich fait décidément très fort Il commence à deux cents à l'heure, avec l'irruption d'une Barbra Streisand logorrhéique, montée sur ressorts, craquante à souhait, véritable mante religieuse outrageusement cultivée, qui ne fait qu'une bouchée d'un Ryan O'Neal aussi éveillé qu'une momie égyptienne. Devant cette avalanche, on se dit qu'il est impossible qu'un tel rythme de folie soit tenu pendant une heure et demie ! Et pourtant, exception faite de quelques minutes plus paisibles, c'est quasiment le cas. Habitée par des personnalités plus gratinées les unes que les autres (Frederick Larrabee et ses dents qui courent après le beefsteack, un Hugh Simon délicieusement caricatural qui évoque vaguement Frédéric Beigbeder, Eunice et ses perruques croquignolettes...), l'histoire accumule les moments de pur délire, de gags inventifs (celui de la vitre en pleine rue est carrément génial), de courses poursuites excitantes, de dialogues crachés à la mitraillette, avec une telle jubilation que les crampes menacent les zygomatiques à tout instant. D'autant plus que le réalisateur sait donner à chaque scène la durée exacte qui lui est indispensable pour ménager l'effet optimal. Et, pour une fois, l'histoire parvient à produire un dénouement tout à fait à la hauteur de la fièvre démentielle qui a régné jusque là.  
 
   Un petit régal de bout en bout !
   
Bernard Sellier