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Once upon a time in... Hollywood,
         2019, 
 
de : Quentin  Tarentino, 
 
  avec : KBrad Pitt, Leonardo DiCaprio, Al Pacino, Margot Robbie, Emile Hirsch, Bruce Dern, Dakota Fanning, Timothy Olyphant, Damian Lewis,
 
Musique : --


   
Février 1969. Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), acteur devenu célèbre dans les années cinquante grâce à une série western, voit son étoile pâlir. Les premiers rôles sont confisqués par de jeunes étoiles montantes. On lui propose même, suprême offense, de tourner dans des western spaghetti italiens. En compagnie de son ami et doublure Cliff Booth (Brad Pitt), il boit pour oublier sa décadence... 
 
   Quentin Tarentino commencerait-il à changer de style ? On serait tenté de le croire au vu de ce neuvième film. Si l'on excepte quelques rares scènes, comme celle de la discussion entre Rick et la jeune surdouée intello de seize ans Trudi Fraser (Julia Butters), on ne retrouve plus ces interminables séquences de parlotes qui agaçaient et fascinaient dans le même élan. De même pour la violence graphique qui est, ou a été, une des marques de fabrique de Quentin. Il faut attendre cent quarante minutes pour que le sang jaillisse réellement. Alors que reste-t-il si les deux domaines, dans lesquels Tarentino brille d'ordinaire et se démarque, sont passés à la trappe ? Un survol désanchanté du Hollywood des années soixante. Lorsque brillent encore les superproductions et que s'éveille le mouvement hippie. Nous avons même droit à une jouissive resucée de "La grande évasion", dans laquelle Rick, supposé avoir été pressenti, tient le rôle de Steve McQueen. 
 
   Ce qui laisse perplexe dans cette œuvre, c'est la qualité de l'intention profonde du réalisateur. Au premier abord, il semble que ce soit, comme l'ont vu nombre de critiques, une déclaration d'amour au cinéma des sixties. Celui qui a baigné son enfance, puisqu'il avait 16 ans à cette époque. Le plaisir de se plonger dans le coeur des tournages et de nous faire côtoyer des acteurs de second rang, est un hommage en même temps qu'une fascination pour ce monde d'apparences, personnalisé par un cascadeur. Mais le spectateur assiste en même temps à une extinction progressive de cet univers clinquant. Tarentino parle-t-il de lui-même comme le suggère le critique de 'A voir, à lire', Julien Dugois ? Difficile à dire. Ce qui semble en revanche manifeste, c'est que, malgré la mélancolie qui baigne les protagonistes, malgré le magnétisme généré par ce milieu, malgré le talent narratif et visuel toujours intact du 'maître', on ressort du film avec une impression de superficialité et vide. Toutes ces tribulations, tous ces événements parfois drôles, parfois tragiques, donnent la fâcheuse impression que Tarentino s'est fait plaisir dans cette évocation surannée, mais qu'il a un peu oublié en route le spectateur. Dès lors, le dénouement sauvage aux abords de la demeure de Sharon Tate, dont on connaît le destin tragique, et cette réécriture de l'histoire, apparaissent comme un clin d'oeil d'un goût douteux. Comme est aussi douteux la séquence consacrée à Bruce Lee, présenté comme un orgueilleux loser. 
 
   Au bout du compte, le film est à l'image de son personnage principal : affriolant, charmeur, parfois excitant, mais aussi souvent agaçant et dérisoire. Il est surtout trop long au regard de sa densité narrative, plus que transparente.
   
Bernard Sellier