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One lane bridge,
      Saison 1,      2020,  
 
de : Pip  Hall..., 
 
  avec : Dominic Ona-Ariki, Joel Tobeck, Michelle Langstone, Alison Bruce, Nathalie Morris, Jared Turner,
 
Musique : Claire Cowan


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

   
Queenstown, une petite ville de Nouvelle Zélande. Le capitaine de police Ariki Davis (Dominic Ona-Ariki), d'origine maori, arrive à son nouveau poste. Il est accueilli par son supérieur, le commandant Stephen Tremaine (Joel Tobeck). Le cadavre d'Andrew 'Grub' Ryder (Dean O'Gorman) est retrouvé mort sous un long pont à sens unique. Le suicide semble être envisagé, car la femme du défunt, Kate (Aidee Walker), est alcoolique et son père, Jack (Peter McCauley) est atteint de démence sénile. Mais Ariki n'est pas convaincu par cette explication...
 
   Une ouverture très classique, avec le décès suspect d'un habitant bien connu et l'arrivée d'un policier extérieur qui n'est pas forcément le bienvenu auprès de sa hiérarchie. Le premier épisode ne dévoile pas grand chose, même si un aspect discrètement fantastique semble pointer le bout de son nez. En revanche, ce qui est flagrant, c'est que la clarté dans l'exposition des personnages n'est pas optimale. Entre les prénoms et les visages qui se ressemblent, les surnoms et une présentation parfois plus que vague des nouveaux arrivants, le spectateur doit se concentrer pour ne pas perdre le fil. Tout s'arrange ensuite, pour la simple raison qu'il ne se passe pas grand chose et que le temps nous est largement donné pour faire connaissance avec les habitants du lieu. Il n'est même pas exagéré de dire que, malgré l'ambiguïté de certaines personnalités (un Stephen constipé et agressif, son épouse Lois (Alison Bruce) en fauteuil roulant mais assez énigmatique, le couple Charlotte (Michelle Langstone) - Mark 'Haggis' McCrae (Phil Brown), lui aussi bizarre), cette plongée dans un microcosme très attaché à la terre et aux traditions, prisonnier de préjugés puissants et ravageurs, se fait longuette et, avouons-le, pas toujours très captivante.

   L'aspect onirique, discrètement teinté de paranormal (le pont éveillerait les visions et peut-être l'accès à d'autres mondes), apparu très tôt, ne progresse pas au fil des épisodes. Il se voit cantonné à des images répétitives d'apparitions de défunts, à l'évocation d'une métempsychose possible, ainsi qu'à une introduction récurrente d'un lézard vert sibyllin. Ce même statisme atteint également les personnages. Il est bien difficile de noter une réelle évolution de ceux-ci au fil de la narration, malgré quelques évènements dramatiques, tels l'agression sauvage de Dermot Braithwaite (Ryan O'Kane), ou encore le sauvetage de la jeune Emma (Nathalie Morris). De son côté, l'enquête sur ce qui est devenu un meurtre se montre elle aussi plus que paresseuse. Ce pont ténébreux et mortifère semble avoir paralysé un récit qui ne parvient pas à avancer, ne montre aucune tonicité et donne une impression étrange d'alanguissement permanent. Lorsque l'épisode ultime débute, Ariki, personnage lisse et  sclérosé, se souvient soudain qu'il possède un don de double vue 'matakite', et il en fait part à Stephen pour tenter de relancer les investigations. Mais c'est un nouveau coup d'épée dans l'eau. Heureusement, le coupable se désigne de lui-même, enfin. S'il ne l'avait pas fait, l'enquête aurait pu s'étendre sur six épisodes supplémentaires. Quant au dernier plan, il laisse totalement stupéfait. J'ai dû rater quelque chose.

   Ce qui est certain c'est que cette série peut constituer un bon documentaire sur un microcosme isolé de Nouvelle Zélande. Les paysages, souvent lunaires, sont magnifiques. Mais pour y voir un drame policier convaincant, c'est une autre histoire. On n'est pas très surpris de voir qu'il s'agit là d'une acquisition Arte...
   
Bernard Sellier