Out of Africa, film de Sydney Pollack, commentaire

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Out of Africa,
       1985, 
 
de : Sydney  Pollack, 
 
  avec : Meryl Streep, Robert Redford, Klaus Maria Brandauer,
 
Musique : John Barry

 
   
Il est toujours passionnant de se replonger dans un film que l'on n'a pas visionné depuis plus d'une décennie. Deux grands cas se présentent alors : soit le film a "bien" vieilli, soit la perception que nous en avions mémorisée s'est dégradée ou même gâtée avec le temps. Parce que les styles ont évolué, parce que les goûts archétypaux de la masse cinéphile ont changé, parce qu'individuellement, nous nous sommes (théoriquement) transformés... 
 
   "Out of Africa" fait manifestement partie de cette seconde catégorie. J'avais conservé le souvenir d'une œuvre très belle, portée par des acteurs en état de grâce, romantique à souhait, parfumée d'un ennui distingué. En la revoyant récemment, j'ai découvert une œuvre, certes toujours aussi resplendissante esthétiquement, mais d'une langueur souvent pesante. 
 
   Le scénario est simple et linéaire. Chacun le connaît. Karen Blixen (Meryl Streep), futur romancière, arrive en Afrique flanquée du coureur de jupons qu'elle a accepté pour conjoint, afin de créer une plantation. Elle fait la connaissance de Denis Finch Hatton (Robert Redford), un aventurier séduisant qui organise des safaris. Ce sera bien évidemment le grand amour. 
 
   Encore est-il bon de le préciser, car la passion est curieusement absente de ce film. Jamais elle ne transparaît au cours de ces 150 minutes, qui donnent, paradoxalement, une impression de désert intérieur en analogie avec les grands espaces vides extérieurs. Les personnages sont lisses, quasi transparents, comme si l'étendue qui les environne avait annihilé tout jaillissement intérieur. Il s'agit incontestablement là d'un choix délibéré du scénariste et du réalisateur, car le jeu tout en demi-teintes et en finesse des personnages principaux est excellent. Il est tout de même triste que le tempérament le plus percutant (et encore, tout est très relatif !), soit celui du mari de Karen, dont le rôle est fort secondaire. 
 
   Par bonheur, l'osmose entre la superbe photographie et la musique inspirée de John Barry, parvient, lors de certaines envolées magistrales, à pallier la platitude relationnelle des deux amants.
   
Bernard Sellier