Outlander, Saison 1, série de Ronald D. Moore..., commentaire

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Outlander,
        Saison 1,        2014 
 
de : Ronald D.  Moore..., 
 
avec : Caitriona Balfe, Sam Heughan, Duncan Lacroix, Tobias Menzies, Stephen Walters, Laura Donnelly,
 
Musique : Bear McCreary


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série 
 
   1945. La seconde guerre mondiale est terminée depuis six mois. Claire Randall (Caitriona Balfe) et son mari Frank (Tobias Menzies) se rendent pour une seconde lune de miel dans les Highlands d'Ecosse. Ils assistent de nuit, en secret, à une cérémonie ancienne et mystérieuse. Le lendemain, lorsque Claire se rend sur les lieux, le simple fait de toucher un menhir la fait basculer dans une faille temporelle... 
 
   Avant de parler de cette série, évoquons quelques antécédents qui ne manquent pas d'intérêt. Le premier est bien connu, sous le titre des 'Fantômes du Petit Trianon'. Le lecteur intéressé pourra consulter plusieurs sites, dont Wikipedia, qui détaillent cette aventure pour le moins insolite, survenue à Versailles en 1901. 
 
   Le second, beaucoup moins connu, est particulièrement intéressant. En effet, Raymond Bernard, ancien Grand Maître de la Rose-Croix AMORC, évoque dans l'un de ses ouvrages, 'Rencontre avec l'Insolite', la stupéfiante expérience du 'Bossu d'Amsterdam', et propose à l'intéressé une tentative d'explication de ce qu'il a vécu. Il y a quelques années, le texte était consultable sur Internet à la demande de l'auteur, mais il semble désormais que seule l'introduction (le lien ne fonctionne plus en novembre 2020) est accessible. Celles ou ceux qui seraient intéressés par cette lecture peuvent me contacter. Je leur enverrai le texte. 
 
   Dans les deux cas, les personnes s'étaient fortuitement retrouvées dans une période temporelle différente. C'est bien sûr ce qui survient dans le cas de Claire, et ce basculement marque le début d'une aventure hors du commun. Le sujet est passionnant pour toute personne qui est mordue de fantastique ou d'univers parallèles. L'héroïne est sympathique. Et pourtant c'est avec une certaine difficulté que l'on rentre dans l'histoire. Il n'y a pas de raison majeure. C'est plutôt un ensemble de caractéristiques secondaires qui freinent l'enthousiasme qui devrait saisir le spectateur. Tout d'abord, hormis le basculement fondamental, il ne se passe pas grand chose d'intense dans les cinq premiers épisodes. Les dialogues, souvent primaires, et les commentaires en voix off dispensables, n'arrangent pas les choses. Ensuite, c'est l'impression générale d'un 'too much' qui s'installe. De longs échanges en gaëlique, c'est sûr que ça donne un fond d'authenticité indéniable. Les personnages sont plus typés que typés (Colum, Dougal, le prêtre exorciseur...). Les décors sont plus pouilleux que pouilleux (que de bouillasse !). Tout cela procure une sensation d'artificialité gênante. Mais le plus handicapant, en ce début de saison, est que, malgré le charme individuel patent des deux héros, l'alchimie ne fonctionne guère entre eux. Mentionnons également des scènes très longues et statiques ( le face à face de l'épisode 6 entre Claire et les Anglais puis Black Jack ), qui ne manquent certes pas d'intérêt psychologique et historique, mais génèrent une pesanteur dommageable au rythme de l'histoire. Il faut attendre les épisodes 7 et 8, avec l'union des deux protagonistes ( elle aussi très très longue ! ), pour qu'un commencement d'empathie se manifeste. 
 
   Heureusement, de multiples points positifs demeurent. Le récit trouve ses racines dans une période troublée de l'histoire anglaise, et détaille de manière convaincante les moeurs de l'époque. A travers l'aventure individuelle de Claire, qui est en quête de son identité propre et de ses envies réelles, se dessine un tableau des relations hommes femmes, ainsi que des rapports entre familles et clans. 
 
   Qui plus est, certaines heureuses surprises, voire même des miracles surviennent alors qu'on s'y attend le moins. Nous en avons pour preuve l'épisode 11, qui ravive d'un coup le concept de base, jusque là réduit au basculement originel de l'héroïne, et dont l'intensité aussi bien émotionnelle que dramatique tranche radicalement avec la léthargie narrative qui prévalait jusqu'alors. Elle reprend d'ailleurs dès l'épisode suivant, jusqu'aux deux derniers épisodes où le spectateur retrouve passion et tension éruptive. 
 
   Une première saison qui souffle le chaud et le froid. Le thème central (le décalage temporel) est captivant, mais se révèle totalement absent de la narration, réduite, si l'on peut dire, à une fresque historico-romantique inscrite dans une période bien délimitée. La lenteur du récit et l'abondance de verbiage se révèlent souvent lassants, mais quelques fulgurances passionnelles et sauvages ( avec un méchant-pervers que l'on n'est pas près d'oublier, mais aussi une violence à la limite parfois du complaisant ) viennent pimenter le récit. Elles donnent l'envie de plonger dans la suite, en espérant que, cette fois, les liens entre les deux époques seront nettement plus exploités.
   
Bernard Sellier