Armelle (Valérie Lemercier) est orthophoniste, mère de deux petites filles, Constance (Pauline Serieys) et Louise (Manon Chevallier), ainsi qu'épouse d'Arnaud (Lambert Wilson), qui ne fait rien. Mais ce chômage reposant ne dure pas longtemps. Le père d'Arnaud meurt dans un accident d'hélicoptère. Quelle importance ? Enorme ! Car cet homme était le Roi, qui plus est chéri de son peuple. Logiquement, c'est Alban (Michel Vuillermoz) qui, en tant qu'aîné, doit lui succéder. Mais la veuve du Monarque, Eugenia (Catherine Deneuve), assistée de son Maître du protocole et amant, René-Guy (Michel Aumont), exhibe un antique parchemin, qui stipule que ne peut être nommé Roi qu'un homme ayant femme à ses côtés. Or Alban vient d'être largué par sa nouvelle amie, Daphné. C'est donc Arnaud et, par voie de conséquence Armelle, qui s'y collent. Et ce n'est pas rose tous les jours...
Une histoire qui se démarque des comédies françaises habituelles, ne serait-ce que par l'incursion tragi-comique dans un univers que l'on appréhende, d'ordinaire, uniquement à travers les titres racoleurs et les commentaires ridicules de "Voici" ou autres "Gala". Le spectateur a donc l'insigne privilège de pénétrer dans l'intimité de Leurs Altesses et, comme on s'en doute, la vision est gratinée. Valérie Lemercier scénariste, s'est visiblement régalée en accumulant les bassesses et coups bas en tous genres. A travers une galerie de personnages souvent malicieusement croqués (les mines de Michel Aumont valent, comme d'habitude, le détour, et Catherine Deneuve se révèle idéale dans son habit de Reine mère manipulatrice), mais tout de même assez superficiels, nous prenons connaissance de cette vérité que personne ne pouvait soupçonner : dans les familles princières, c'est, comme chez monsieur tout le monde, le cul qui mène la danse ! A l'évidence, un scoop ! Trève de plaisanterie, cette "vengeance d'une brune" réserve de sympathiques moments, se montre gentiment subversive, mais, couronnée, si l'on peut dire, d'un dénouement (à la rupture de ton brutale), aussi abrupt qu'incongru, manifeste un essoufflement inattendu. L'actrice-réalisatrice se réserve un maximum d'espace et choisit de privilégier un humour de bon ton, suggérant souvent le grivois sans y sombrer. Tout cela est agréable, divertissant, mais, à 'image de la musique guillerette, léger, léger... L'impression dominante demeure celle d'un repas somptueux, aux prémisses alléchantes, mais dont on aurait oublié le plat de résistance (ou le dessert, c'est au choix de chacun...). Un tantinet frustrant.
Bernard Sellier