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Pas son genre, 2014,
de : Lucas Belvaux,
avec : Emilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkake, Anne Coesens, Didier Sandre, Martine Chevallier,
Musique : Frédéric Vercheval
Clément le Guern (Loïc Corbery), professeur de philosophie et écrivain, est muté pour un an à Arras. Parisien pur souche, il voit dans cette nomination une condamnation à mort. Il fait un jour la connaissance d'une jeune coiffeuse, Jennifer (Emilie Dequenne), qui élève seule son fils. Les deux jeunes gens se revoient...
Un scénario simple, voire simpliste, fondé sur l'attirance de deux personnalités radicalement différentes sur le plan intellectuel. Néanmoins, ce n'est pas tant cet écart de culture qui bloque la communication entre ces deux êtres, mais leur approche profonde de la vie. Clément traverse l'existence, engoncé dans un corset mental qui bride ses élans et installe le doute comme guide vivenciel inamovible. La personnalité de Jennifer, illuminée par l'incarnation d'Emilie Dequenne, est au contraire gourmande de la vie, pétulante, spontanée, avide de bonheur simple, ce qui n'exclut nullement la lucidité. Le récit égrène les scènes ordinaires de la vie d'un jeune couple qui cherche ses marques, mais il le fait toujours avec une sensibilité profonde et une tendresse évidente pour ses personnages. Si Loïc Corbery, fidèle en cela à son personnage monolithique, conserve tout au long du film une réserve à peine effleurée par les événements, Emilie Dequenne traverse l'oeuvre comme une étoile scintillante dont l'éclat se voile progressivement et subtilement avec une inexorabilité qui serre le coeur. Le réalisateur a choisi un dénouement abrupt mais ouvert qui nimbe la dernière chanson interprétée par Jennifer ("I will survive") d'une mélancolie poignante.
Bernard Sellier