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Le passé,
       2013,  
 
de : Ashgar  Farhadi, 
 
  avec : Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa, Pauline Burlet, Jeanne Jestin, Sabrina Ouazani,
 
Musique : Evgueni & Youli Galperine

   
   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film 
 
   Ahmad (Ali Mosaffa) arrive à Paris en provenance de Téhéran, afin d'officialiser le divorce demandé par sa femme, Marie (Bérénice Bejo). Celle-ci vit avec Samir (Tahar Rahim) et son petit garçon Fouad. Mais la tension est vive avec Lucie (Pauline Burlet), née d'une ancienne relation de Marie, qui refuse de voir sa mère se remarier avec son nouvel amant. 
 
   C'est, comme le disait si bien jadis Claude Sautet, "une histoire simple". Une tranche de vies qui voit regroupés dans un laps de temps court, la femme, l'ancien époux, le futur conjoint, les enfants nés de diverses unions, et, dominant l'ensemble des protagonistes, la femme du nouvel amant, enfermée dans un coma depuis huit mois. Dans ce microcosme, observé avec une sensibilité à fleur de peau, se développent les non dits, les jalousies, les rancoeurs, bref, toutes les manifestations de "corps de souffrances" comme l'exprime Eckhart Tolle dans ses ouvrages. Il n'y a pas vraiment de construction dramatique, de scénario au sens propre du terme. Le spectateur a l'impression d'entrer un jour dans ce milieu souffrant, d'être le témoin presque indiscret de ces douleurs, puis de quitter les lieux sur la pointe des pieds, abandonnant tout ce petit monde humain à des lendemains que l'on ne peut prédire. 
 
   C'est l'une des caractéristiques d'un certain cinéma contemporain, de ne pas offrir un dénouement au sens réel du terme, clôturant une suite de pics plus ou moins tragiques ou intenses, mais d'introduire le mot fin au milieu d'un continuum sans rugosités, abandonnant le spectateur à son imaginaire et, parfois, à sa frustration. Dans certaines oeuvres, c'est exaspérant. Dans le cas présent, c'est plutôt une cohérence dans la trame délicate qui s'est installée à mi parcours, même si le manque d'aspérités laisse parfois perplexe. Aucun manichéisme ne vient polluer la présentation de ces personnalités blessées, superbement interprétées par des acteurs profondément impliqués dans leurs incarnations. Mention spéciale à Ali Mosaffa, extraordinaire de charisme discret et de subtilité empathique. 
 
   Mais que c'est pénible de perdre une partie non négligeable des dialogues, avalés par des acteurs qui n'articulent pas...
   
Bernard Sellier