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Passengers,
       2016, 
 
de : Morten  Tyldum, 
 
  avec : Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Michael Sheen, Laurence Fishburne, Andy Garcia, Vince Foster,
 
Musique : Philippe Sarde

   
   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...  
 
   Le vaisseau spatial Avalon conduit 5000 personnes vers une nouvelle planète, Homestead II. Le voyage doit durer 120 ans, ce qui impose que tous les êtres vivants sont en état d'hibernation. Mais, au bout d'une trentaine d'années, un météorite heurte le vaisseau et provoque une panne. La cellule dans laquelle Jim Preston (Chris Pratt) dort cesse de fonctionner et le jeune homme revient à la vie, totalement solitaire... 
 
   L'idée de départ est intéressante. Mais elle n'est pas très aisée à mettre en oeuvre sur un long métrage, car les années sont longues lorsqu'on est le seul être animé dans un vaisseau d'un kilomètre de long, et que les distractions sont plus que restreintes. Même si l'intérieur de la navette est un espace cinq étoiles avec bar luxueux, serveur robot, Arthur (Michael Sheen), et piscine olympique ! Par conséquent, il est indispensable qu'une seconde personne, de préférence charmante, vienne épicer le récit. Le scénario va donc se construire sur le réveil pas vraiment accidentel de la délicieuse Aurora (Jennifer Lawrence), et, cela va de soi, l'alternance d'attirance et de répulsion entre les deux tourtereaux. Mais, là encore, l'intensité dramatique ou passionnelle voit assez rapidement arriver ses limites lorsque tout baigne dans l'environnement. Intervient alors le dérèglement des appareils qui vont nécessiter de la part des deux protagonistes inventivité, courage, altruisme, sacrifice, bref toutes les composantes inhérentes à la fabrication d'un pic émotionnel indispensable pour que le spectateur ne plonge pas dans un sommeil profond, à défaut d'être hibernatoire. Comme il se doit, Jim va se révéler le chevalier blanc qui d'un coup de baguette magique répare la faute impardonnable commise envers sa belle, et le vaisseau arrivera à bon port 88 ans plus tard. Dire que la vraisemblance est de mise serait exagéré. Disons simplement que le récit affre une histoire d'amour traditionnelle, dont l'originalité repose uniquement sur le décor et les conditions dans lesquels elle se déroule. L'intérieur du vaisseau est classique, mais ne manque pas d'une certaine grandeur et réserve quelques moments insolites (le bain d'Aurora au moment où la pesanteur disparaît). Quant aux visions célestes, certaines affichent un pouvoir de fascination incontestable (le passage auprès de l'étoile Arcturus), même si, là encore, la crédibilité laisse à désirer. 
 
   Une oeuvre agréable, insolite, délicatement romantique, mais dont la matière et les enjeux se révèlent finalement assez minces.
   
Bernard Sellier