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Un petit jeu sans conséquence,
      2004, 
 
de : Bernard  Rapp, 
 
  avec : Yvan Attal, Sandrine Kiberlain, Jean-Paul Rouve, Marina Foïs, Lionel Abelanski,
 
Musique : Sébastien Souchois

  
   
Claire (Sandrine Kiberlain) et Bruno (Yvan Attal), vivent ensemble depuis douze ans et passent, tant auprès du cousin Patrick (Lionel Abelanski), que de leurs amis, pour un couple modèle. Une réunion festive est organisée à l'occasion du déménagement de leur domaine, mis à la vente. Excédée par cette unanimité, Claire choisit ce jour-là, pour annoncer à Patrick qu'elle se sépare de Bruno. Ce n'était là qu'une plaisanterie, mais, d'une part, Bruno la prend fort mal, d'autre part, tous les amis, informés aussitôt, ne se montrent aucunement surpris. Un ancien "ennemi" d'enfance de Bruno, Serge Hatier (Jean-Paul Rouve), entre immédiatement en "contact" avec Claire, nouvellement libre... 
 
   Tiré d'une pièce de théâtre, le film en garde les marques classiques : unité de lieu, de temps et d'action. Le cadre étroit de la scène est juste élargi à la surface d'un domaine campagnard pour le moins agréable à vivre. Le plus intéressant, de loin, dans cette énième variation sur le thème inépuisable de l'amour, réside évidemment dans le postulat de départ. A partir d'une phrase lancée sur le mode de la plaisanterie, vont se développer, s'enfler en boules de neige, des mises à jour douloureuses et des restructurations intérieures difficiles à vivre. L'ensemble pourrait être une évidente démonstration de l'adage qui veut que "à la source de toute plaisanterie, réside un atome de vérité".  
 
   Le traitement de ce marivaudage dangereux reste des plus traditionnels. L'alternance des différents points de vue des protagonistes : espoirs, médisances, jalousies, égoïsmes, permettent juste à la caméra de varier les plans, passant d'extérieurs verdoyants aux pièces variées de la grande bâtisse, aérant quelque peu le décor monolithique d'un théâtre. Le contenu, lui aussi, demeure tout à fait conventionnel. Sandrine Kiberlain, assez froide, ambiguë, tient avec justesse son rôle de domino originel. Le pivot substantiel de l'oeuvre reste évidemment Serge, incarné de manière subtile et jouissive par Jean-Paul Rouve, qui, de l'état initial de cheveu incongru sur la soupe, atteint, grâce à sa perfidie naturelle et à son intelligence matoise, le stade de vainqueur par KO. Malheureusement, cela demeure un peu faible pour densifier l'ensemble, qui ne s'élève jamais au-dessus d'un vaudeville intelligent, légèrement cruel, sans vulgarité, mais sans trace de génie ou même d'originalité dans son évolution. D'autant plus qu'un certain nombre de personnages (Eve, Peggy, Christian...) sont tout à fait superflus, tant leur présence dans l'histoire est anecdotique.  
 
   Agréable et ludique, mais, à l'instar du tempérament de Claire, superficiel...
   
Bernard Sellier