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Le petit voleur,
        1999, 
 
de : Erick  Zonka, 
 
  avec : Nicolas Duvauchelle, Yann Tregouët, Martial Bezot, Jean-Jérôme Esposito, Jo Prestia,
 
Musique : --

  
   
Esse (Nicolas Duvauchelle) est apprenti boulanger à Orléans. Las d'être "esclave", il quitte avec fracas son poste et se retrouve à Marseille, au sein d'une petite bande. Il se fait remarquer par Sylvain, surnommé "Oeil" (Jean-Jérôme Esposito), qui le fait participer à des cambriolages et lui confie quelques petites missions. Par exemple, "garder" la pute de son frère Tony (Jo Prestia). Mais, là non plus, les jours ne sont pas rose bonbon... 
 
   Film court (65 minutes) sur une initiation dramatique à l'indépendance et aux choix qui détermineront le parcours vital. C'est avec une distanciation froide, réaliste, abrupte, que le réalisateur parcourt les premiers pas de ce grand adolescent déboussolé dans l'univers des "adultes". Certes la perspective de se lever toutes les nuits pendant quarante ans, à trois heures du matin pour faire cuire le pain, n'est pas une perspective follement réjouissante pour une jeune qui rêve de réussite, de millions et de farniente au soleil. Mais lorsque l'immersion dans le milieu des petits truands est faite, la désillusion est à la mesure des espoirs forgés. Nul besoin de lucidité clairvoyante ou de psychanalyse pour se rendre compte que le petit caïd du coin a remplacé le patron formateur, et qu'il n'y a pas davantage de respect dans le monde des braqueurs que dans celui des PME. Le petit révolté qui jouait les durs, les révoltés, devant sa petite amie Sandra (Emilie Lafarge) devient une serpillière qui ne parvient à déverser sa colère et son mal-être que dans l'apprentissage de la boxe. Jusqu'à s'en mettre les mains en sang. Esse est une sorte de zombie non communicant, dont la vie coule sans qu'il parvienne à en contrôler le moindre mouvement. Jusqu'à ce drame final, sauvage, qui, curieusement, renvoie, avec une intention que l'on ne sait trop s'il faut attribuer à un pessimisme désespéré ou à un optimisme de commande, vers le quotidien formaté.  
 
   L'ensemble est simpliste, dépouvu d'analyse, uniquement axé sur les réactions instinctives que génèrent les phases de l'apprentissage des nouveaux codes et actions, mais reflète bien, dans sa nudité narrative, le désert intérieur de nombreux jeunes, incapables de découvrir le moteur intérieur personnel, capable de leur donner le goût de la vie. L'incarnation dans un corps est déjà un emprisonnement. Autant ne pas en rajouter un second, en vivant par procuration...
   
Bernard Sellier