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Le pianiste,
      (The pianist),       2002, 
 
de : Roman  Polanski, 
 
  avec : Adrien Brody, Thomas Kretschmann, Frank Finlay, Maureen Lipman, Emilia Fox,
 
Musique : Wojciech Kilar

  
   
1939. La famille de Wladyslaw Szpilman (Adrien Brody), pianiste juif vivant à Varsovie, apprend que la Grande Bretagne vient de déclarer la guerre à l'Allemagne nazie. Un an plus tard, les quelque 500 000 Juifs de la capitale polonaise sont regroupés dans le tristement célèbre ghetto. Wladyslaw survit tant bien que mal. Son frère Henryk (Ed Stoppard) tente de résister à l'oppresseur. En mars 1942, la grande majorité des Juifs est déportée vers Treblinka. Szpilman seul est sauvé par une de ses anciennes connaissances, tandis que le reste de sa famille embarque pour le camp. Commence pour le rescapé trois sombres années de famine et d'angoisse... 
 
   Lorsqu'une oeuvre aborde, avec dignité et pudeur, cette période qui compte probablement, hélas, parmi les plus sombres de l'histoire humaine, pourtant amplement fournie en guerres et abominations, il est quasiment superflu de s'enfoncer dans des commentaires qui sembleraient bien futiles. Roman Polanski a choisi de nous faire vivre l'agonie progressive d'un peuple puis la descente aux enfers d'un homme seul, perdu dans une errance solitaire qui ressemble à un bannissement de la vie elle-même. Tout cela avec une sobriété ascétique d'autant plus émouvante qu'elle est constamment empreinte de retenue et d'honnêteté, ne cachant aucune horreur, exécutions sommaires, folie meurtrière des occupants, mais privilégiant la détresse intérieure de l'individu.  
 
   Adrien Brody est remarquable dans l'évolution expressive de ce personnage, d'abord quelque peu étranger à ce qui l'entoure, puis s'enfonçant progressivement dans une annihilation de tout ce qui faisait sa personnalité tant artistique que simplement humaine, et mérite amplement le César qu'il a obtenu pour ce rôle. Cela dit, la musique est étrangement absente de cette oeuvre, si l'on excepte le magnifique moment où Wladyslaw joue, à la demande de l'officier allemand, la première Ballade de Chopin. Et j'avoue, tout de même, ne pas comprendre très bien la pluie de récompenses, en particulier celle de la meilleure musique, qui a couronné ce film, certes très émouvant, mais cependant fort académique et bien long...
   
Bernard Sellier