Luke (Ryan Gosling) se produit avec succès dans un numéro de moto "le globe de la mort". A l'occasion d'un passage dans la vielle de Schenectady, il apprend qu'un fils, Jason, est né de la courte relation qu'il avait eue avec Romina (Eva Mendes). Il décide de rester sur place et de subvenir aux besoins de son enfant. Pour cela, il commence à braquer des banques...
"Les actes des parents se paieront jusqu'à la énième génération". Ce drame intimiste, que l'on pourrait diviser en trois parties, semble une illustration de cette sentence. Heureusement, les scénaristes n'ont pas choisi la voie de la facilité qui leur tendait les bras, c'est-à-dire plonger dans un spectaculaire règlement de comptes, mais ont, au contraire privilégié l'observation lucide de comportements troubles générés par de sournois malaises intérieurs. Le réalisateur prend tout son temps pour raconter avec sobriété, profondeur, sensibilité, sincérité, et dignité, un drame familial simple mais intense et touchant. La narration est, certes, un peu étirée, et le film aurait sans doute gagné encore en intensité s'il avait été raccourci d'un quart d'heure. Mais ce cheminement mesuré est en adéquation totale avec la mélancolie lourde dans laquelle baignent les personnages. Davantage que cette lenteur au bout du compte justifiée, c'est plutôt la relative faiblesse de la seconde moitié, handicapée par certains passages elliptiques, qui provoquerait quelques regrets. L'évolution du personnage d'Avery (Bradley Cooper) paraît manquer de cohérence. Mais la rigueur de l'ensemble, la viscérale implication des acteurs, font que cette œuvre imprègne intimement et durablement le spectateur.
Bernard Sellier