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Polisse,
     2010, 
 
de : Maïwenn, 
 
  avec : Karin Viard, Joey Starr, Nicolas Duvauchelle, Marina Foïs, Frédéric Pierrot, Emmanuelle Bercot, Maïwenn, Sandrine Kiberlain,
 
Musique : Stephen Warbeck


   
Quelques jours dans le quotidien difficile d'une Brigade de Protection des Mineurs. Sous les ordres de "Baloo" (Frédéric Pierrot), évoluent Nadine (Karin Viard), Iris (Marina Foïs), Mathieu (Nicolas Duvauchelle), Fred (Joeystarr), Sue Ellen (Emmanuelle Bercot)... Une jeune photographe, Melissa (Maïwenn), est intégrée au groupe par la hiérarchie pour une courte période... 
 
   La réaction première, spontanée, viscérale devant cette oeuvre profondément troublante, perturbante, pour les enfants fragiles que nous avons été, comme pour les parents respectueux que nous sommes aujourd'hui, est de fondre émotionnellement corps et âme. D'autant plus que, mise à part la longue séquence médiane de la boite de nuit, d'utilité discutable, le film est gorgé de rythme, de vie, de sève, de détresse, de fureur, d'humanité et de rire. A n'en pas douter, le travail des trois monteurs sur les 150 heures originelles n'a pas été une sinécure. Le résultat est incontestablement une réussite cinématographique, saluée, d'ailleurs, par le Prix du Jury à Cannes. 
 
   Pourtant, lorsque le brouhaha des discussions s'est tu, lorsque le rideau tombe, c'est un certain malaise qui s'installe progressivement. L'impression dérangeante que le spectateur a davantage été invité à visiter un écrin brillant, ludique, parfois théâtral, dans lequel des acteurs épatants de vérité se sont ébattus avec jouissance, plutôt qu'à entrer avec empathie dans un documentaire fiction âpre, en prise directe avec la souffrance des victimes et l'inconscience criminelle des bourreaux. Sans aller jusqu'à prétendre que la forme occulte le fond, ce qui serait manifestement injuste, il est tout de même regrettable que certaines "grandes" scènes (les pétages de plombs de Fred et de Nadine, par exemple, ou encore la séquence du téléphone portable), écrasent quelque peu les séquences douloureuses et intimistes. Et ce n'est pas le final, dont la brutalité passablement gratuite laisse perplexe, qui inverse la tendance...
   
Bernard Sellier