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Preacher,
      Saison 1,     2016,  
 
de : Sam  Catlin, Seth  Rogen..., 
 
  avec : Dominic Cooper, Joseph Gilgun, Ruth Negga, Ian Colletti, Derek Wilson, Tom Brooke,
 
Musique :   Dave Porter

   
   Ne pas lire avant d'avoir vu la série

  Le révérend Jesse Custer (Dominic Cooper) prêche dans une église perdue au fin fond du Texas. Mais le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas foncièrement convaincu par son sacerdoce. Un jour, arrive du ciel un vampire irlandais, Cassidy (Joseph Gilgun), qui vient d'échapper à ses persécuteurs. Au bout du rouleau, Jesse décide d'annoncer son départ le dimanche suivant. Mais le Ciel semble en avoir décidé autrement... 
 
   Inutile de chercher une quelconque vraisemblance ou authenticité dans ce foutoir violent et déjanté. Seule l'imagination débridée des concepteurs semble être capable de poser des limites au projet, à supposer qu'elle en ait envie. L'entrée dans cet univers halluciné n'est pas des plus faciles. Les différentes personnalités et intrigues ont un peu de peine à captiver au premier abord. Il ne suffit pas de pondre un combat à la "Kingsman" (en nettement moins réussi) dans un avion pour rendre le protagoniste du massacre attractif, et les autres intervenants, y compris Jesse ou encore Tulip O'Hare (Ruth Negga), ont du mal à crever l'écran avec intensité. De plus, les différentes histoires apparaissent trop individualisées pour donner la sensation qu'elles sont susceptibles de fusionner un jour. Pourtant, au cours du troisième épisode, l'intérêt et la curiosité commencent à pointer sérieusement le bout de leurs naseaux, avec la métamorphose du révérend. Et le spectateur n'est pas au bout de ses surprises ! Au terme de ces dix épisodes, on ne peut que demeurer perplexe devant ce mix passablement indigeste, qui affiche en même temps une originalité tant thématique que visuelle foncière. La réflexion sur l'existence de Dieu, le mystère du bien et du mal, le pouvoir de la persuasion, se mêlent de manière douteuse à un simplisme primaire iconoclaste. 
 
   Mais, à l'heure du bilan, il semble que le désir de composer un trip façon Tarentino ou frères Coen (Cassidy n'arrête d'ailleurs pas de marteler que "The big Lebowski" est le plus mauvais film des réalisateurs...), avec pics de sauvageries, délires gore, et personnages improbables (les deux envoyés du Paradis !), l'emporte assez largement sur la volonté de provoquer une saine réflexion métaphysique chez le spectateur. Dommage aussi que certains protagonistes (Tulip ou encore Emilie, par exemple), paraissent un peu sous-employés. Mais, telle quelle, cette série prouve sans ambiguïté qu'il est encore possible de dénicher des idées scénaristiques en dehors des chemins balisés classiques du polar ou du soap opera...

   
Bernard Sellier