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Quai des orfèvres,
         1947, 
 
de : Henri-Georges  Clouzot, 
 
  avec : Bernard Blier, Louis Jouvet, Suzy Delair, Simone Renant, Pierre Larquey, Robert Dalban, Charles Dullin, Henri Arius,
 
Musique : Francis Lopez

   
   
Marguerite Chauffournier Martineau, dite Jenny Lamour (Suzy Delair), rêve de devenir une vedette de la chanson et, pourquoi pas, du cinéma. Pour cela, elle est prête à presque tout, ce qui n'est pas du goût de son mari, Maurice (Bernard Blier). Il voit en particulier d'un fort mauvais oeil le difforme, riche et vicieux Georges Brignon (Charles Dullin), faire les yeux très doux à sa belle. Il va même jusqu'à le menacer en public. Aussi, lorsque Brignon est retrouvé mort, l'angoisse commence à gagner les deux époux, d'autant plus que Jenny avait un rendez-vous secret au domicile du mort. L'inspecteur adjoint Antoine (Louis Jouvet) mène l'enquête... 
 
   Une intrigue simple, mais remarquablement développée, aussi bien dans ses composantes réalistes (les scènes de cabaret et de spectacle sont enthousiasmantes), que sociologiques ou psychologiques. Les personnages sont intensément vivants, vibrants, émouvants. Il faut dire que, incarnés par des acteurs aussi charismatiques que Louis Jouvet, Bernard Blier, Charles Dullin, ou Suzy Delair, ils n'ont guère de difficulté à imposer leurs tempéraments hors du commun. Au fur et à mesure que le drame se développe, l'aspect caricatural des protagonistes qui semblait se dessiner de prime abord (le faible jaloux, la femme arriviste et facile, le flic bougon), disparaît totalement, pour laisser émerger de subtiles variations intimistes dans lesquelles les frustrations, les souffrances, les espoirs, et l'amour sincère virevoltent avec un naturel aussi confondant qu'intemporel. Le décor fait son âge, c'est sûr, mais le contenu est d'une actualité émotionnelle évidente. Les seconds rôles ne sont jamais sacrifiés et composent un écrin somptueux pour mettre en valeur la descente aux enfers de ce couple étrangement assorti. Quant aux dialogues, ils sont un pur régal.  
 
   Indémodable et fascinant.
   
Bernard Sellier