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The revenant,
       2015, 
 
de : Alejandro González  Iñárritu, 
 
  avec : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter, Paul Anderson, Duane Howard, Lukas Haas,
 
Musique : Ryuichi Sakamoto, Carsten Nicolai

  
   
Hugh Glass (Leonardo DiCaprio) est un chasseur engagé par une troupe de trappeurs dirigés par le capitaine Andrew Henry (Domhnall Gleeson). Il est grièvement blessé par un ours. Il est transporté sur un brancard de fortune, mais bientôt les indiens Arikaras menacent le groupe et le capitaine décide d'emmener ses hommes tandis que trois hommes, John Fitzgerald (Tom Hardy), le jeune Bridger (Will Poulter) et le fils Pawnee de Glass, Hawk (Forrest Goodluck) demeurent auprès du blessé afin de lui donner une sépulture lorsqu'il mourra... 
 
   La douloureuse tentative de survie d'un homme blessé par un ours... Cela évoque immédiatement le magnifique film assez méconnu tourné en 1971 par Richard Sarafian, "Le convoi sauvage". Richard Harris s'y montrait remarquable. A l'évidence, Leonardo DiCaprio n'a pas volé son Oscar, car, même si les effets spéciaux se montrent souvent salvateurs, il n'en demeure pas moins que sa performance est totalement magistrale. Affrontant le froid, la neige, le blizzard, la faim, la souffrance, les dangers, son personnage n'en finit pas de retourner le coeur du spectateur le plus endurci. Il faut préciser que le réalisateur ne précipite pas les événements, installant son moribond dans un étirement temporel radicalement authentique, mais parfois, avouons-le, longuet pour celui qui est confortablement installé dans un espace temps normal. La glaciale splendeur des paysages, le balancement des arbres, les craquements, tous les éléments naturels, souvent hostiles, accompagnent cette incroyable et spectaculaire rage de survivre comme s'ils étaient de véritables entités. 
 
   Pourtant, malgré certaines scènes mémorables (en particulier celle du cheval mort, ou encore l'attaque des Indiens au commencement), malgré l'esthétique somptueuse du film, malgré les performances des acteurs et des techniciens, il n'est pas certain que cette oeuvre éprouvante, harassante, parfois boursouflée, impose une marque aussi indélébile dans le souvenir cinématographique que le film, beaucoup plus simple et spontané, de Richard Sarafian. Peut-être parce que, malgré quelques pointes d'onirisme, manquent ici certains éléments symboliques forts qui imprimaient profondément leur empreinte dans le parcours identique de Richard Harris. L'accouchement de l'indienne, par exemple, ou encore la délirante obsession du Capitaine Henry (John Huston), transportant son navire à travers les montagnes. Preuve, s'il en était besoin, que l'excès de richesse visuelle, les exploits techniques, ne surclassent pas obligatoirement le dépouillement sensible.
   
Bernard Sellier