Ne pas lire avant d'avoir vu le film...
Une jeune femme (Nicola Harrison) arrive dans la maison de son enfance dans un coin reculé des Etats-Unis, avec ses trois enfants, Jack (George MacKay), Billy (Charlie Heaton) et le petit Sam (Matthew Stagg). Tous fuient le mari et père, qui est apparemment un monstre. Mais la mère, malade, décède rapidement. Les trois enfants décident de cacher la nouvelle pour demeurer ensemble jusqu'à ce que Jack atteigne sa majorité...
A l'évidence, que ce soit sur le plan esthétique ou sur le plan narratif, la qualité est au rendez-vous. Sans omettre le travail sur le son, forcément capital dans un film de ce genre, si l'on veut que le spectateur frise la crise cardiaque à plusieurs reprises. Et, en l'occurrence, il est bien difficile de ne pas sursauter même si les procédés utilisés sont très classiques et ne révolutionnent jamais le genre. L'histoire en elle-même de ces quatre enfants abandonnés à leur sort est pour le moins touchante. Mais, comme on peut s'en douter, ce que l'on voit et imagine n'est pas forcément la réalité, et la narration cesse à mi-parcours d'être linéaire. C'est alors que les difficultés commencent... pour le spectateur. Car au fur et à mesure que les événements évoluent et que les flashback s'installent, le mental commence à perdre ses repères. Au point qu'il serait quasiment indispensable, une fois le générique déroulé, de reprendre la vision au commencement pour démêler un écheveau passablement emmêlé. Si cela n'est pas fait, il est alors possible de se poser la question suivante : cette création est-elle véritablement inspirée, voire superlative, ou regarde-t-on comme telle ce qui n'est qu'une manipulation habile mais préfabriquée et artificielle, parce que la compréhension logique est déboussolée et jette les armes ? Difficile de répondre à cette interrogation. Ce qui est indéniable, c'est que l'efficacité dramatique et anxiogène est au top. Et la musique est fort belle.
Bernard Sellier