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Secrets et mensonges,
      (Secrets and lies),      1996, 
 
de : Mike  Leigh, 
 
  avec : Brenda Blethyn, Timothy Spall, Phyllis Logan, Claire Rushbrook, Marianne Jean-Baptiste, Lee Ross,
 
Musique : Andrew Dickson


   
Hortense Cumberbatch (Marianne Jean-Baptiste) est optométriste. Sa mère adoptive vient de mourir. Elle décide, après maintes hésitations, de rechercher sa véritable mère, qui l'a abandonnée à sa naissance. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Cynthia Rose Purley (Brenda Blethyn), qui survit tant bien que mal dans la banlieue londonienne, en compagnie de sa fille Roxanne (Claire Rushbrook), agressive et rebelle. Cynthia n'entretient que des relations distantes avec son frère Maurice (Timothy Spall), qu'elle aime profondément, en raison de l'aversion que manifeste envers elle sa belle-soeur, Monica (Phyllis Logan)... 
 
   Si le ciel de Londres est souvent gris et sinistre, les âmes et les coeurs des personnages qui nous sont présentés ne le sont pas moins ! Frustrations, souffrances plus ou moins muettes, culpabilisations, aigreur, désespoir, sont le lot quotidien de ces êtres incapables d'exprimer leur Moi profond. Mike Leigh n'a finalement que très peu tourné pour le grand écran, et s'est vu attribuer la Palme d'Or à Cannes pour cette oeuvre formellement très classique. Mais quelle intensité, quel bouillonnement intérieur, dans ces non-dits, dans ces regards, dans ces gestes maladroits ! Que ce soit la volcanique Roxanne, dont le facies ravagé par la colère suffit à traduire toute la détresse, Maurice, le gros ours pitoyable, incapable de partager la tendresse qui déborde, Monica, rongée par les frustrations, et bien sûr Cynthia, (il est indispensable de l'entendre en V.O.), dont la voix brisée traduit le démembrement intime... Tous deviennent, par la grâce de la spontanéité, par le miracle de la simplicité et de la tendresse, une portion de nous-mêmes, une composante de notre psychisme, subtilement enrobées d'humour fragile, afin de ne pas heurter notre orgueil. Au milieu de ces nuages sombres, de ces orages permanents, brille un petit soleil, en la personne d'Hortense. Extraordinaire de pudeur, de sincérité.  
 
   Peut-être est-il possible de regretter certaines longueurs, de se questionner sur l'utilité de quelques digressions (par exemple, la visite surprise du prédécesseur de Maurice, tombé dans la marginalité dépressive). Qu'importe. L'ensemble est porteur d'une magie intense, d'une humanité vibrante, qui se gravent dans le souvenir de manière indélébile.
   
Bernard Sellier