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Le sens de la fête,
      2017, 
 
de : Olivier  Nakache, Eric  Toledano, 
 
  avec : Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Suzanne Clément, Gilles Lellouche, Vincent Macaigne, Eye Haidara, Hélène Vincent,
 
Musique : Avishai Cohen


   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film

   
Max Angely (Jean-Pierre Bacri) possède une entreprise de fêtes clés en main. C'est aujourd'hui le mariage de Pierre (Benjamin Lavernhe) et d'Helena (Judith Chemla), qui a lieu dans un somptueux château. Tous les employés sont sur le pont, mais quelques ratés potentiels se profilent peu à peu... 
 
    C'est avec un sens inné de la chorégraphie et du rythme que les scénaristes réalisateurs ont composé cette fresque ludique, humoristique, soigneusement maîtrisée, intelligente, qui couvre les douze heures d'excitation de cette équipe intensément charismatique. Après une mise en bouche dans laquelle le personnage de Max est présenté avec délectation ( à savoir l'éternelle et toujours aussi goûteuse ironie débilitante d'un Jean-Pierre Bacri égal à lui-même, c'est-à-dire envoûtant ), c'est en effet dans une triple unité de lieu, de temps et d'action que se déroule cette soirée de haute volée. Mais la perfection n'étant pas de ce monde, il est facile de se douter que des grains de sable, plus ou moins dodus, vont se glisser dans les rouages de la machine. 
 
    Le premier point largement positif est que l'aventure ne sombre jamais dans l'excès, les gags primaires ou la caricature facile. Tous les personnages, principaux comme secondaires, sont croqués avec autant de simplicité que de réalisme et d'efficacité. Bien sûr, brillent au sommet les stars de la distribution : outre Jean-Pierre Bacri, Gilles Lellouche en responsable musical, Jean-Paul Rouve, pitoyable photographe flanqué d'un stagiaire qui lui en remontre en permanence, Pierre (Benjamin Lavernhe), à l'égo surdimensionné, et surtout la révélation Eye Haidara, bras droit de Max adepte des gros mots et des querelles, occupent la scène avec un talent et une présence permanents. 
 
    Mais, et c'est cela qui est aussi remarquable dans cette oeuvre, nombre de figures secondaires imposent elles aussi leur personnalité. Henri (Antoine Chappey), le trouillard responsable du personnel, Julien (Vincent Macaigne) vêtu comme l'as de pique, Samy (Alban Ivanov) ignare total, jusqu'aux employés pakistanais adeptes des commentaires acidulés, tous contribuent à rendre cette chorégraphie vivante, grouillante, très équilibrée, et profondément humaine. Et c'est peut-être dans ce dernier point que les deux réalisateurs signent définitivement avec ce film une réussite exemplaire. En effet, si, au premier abord, l'histoire n'est qu'une succession d'engueulades, de ratés, un rassemblement de personnalités dépressives, égoïstes, primaires, il ne fait aucun doute que les créateurs aiment profondément chaque membre de cette fête. La preuve en est cette séquence finale de la noce, dans l'obscurité, au son des instruments sur lesquels jouent les Pakistanais, et à l'issue de laquelle l'imbuvable Pierre parvient à dire 'merci'. Un pur bonheur... Et lorsque Max, au petit matin, jette à la poubelle l'offre de rachat qu'il attendait avec impatience, ce geste paraît une évidence, tant l'histoire a su rendre avec réalisme et authenticité la passion qui anime chaque participant, y compris le toujours épuisé Jean-Pierre Bacri.
   
Bernard Sellier