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Le septième juré,
       2008, 
 
de : Edouard  Niermans, 
 
  avec : Jean-Pierre Darroussin, Isabelle Habiague, Pascal Elso, Eric Naggar, Hubert Saint-Macary, Jacques Bachelier,
 
Musique : Bruno Coulais

   
   
Juillet 1962. Grégoire Duval (Jean-Pierre Darroussin) est pharmacien dans une ville du Bas-Rhin. Il passe ses dimanches à pêcher en compagnie de son ami, le Capitaine de Gendarmerie Valard (Pascal Elso). Ce jour-là, tandis que ce dernier dort, Grégoire entend les cris d'une dispute. Un homme s'enfuit et le pharmacien découvre dans une grange une jeune fille, Marianne Courtry (), à moitié dévêtue. Grégoire s'approche d'elle et, pour faire cesser ses cris, lui serre le cou jusqu'à ce que mort s'ensuive... 
 
   Une histoire fort classique de dilemme cornélien, qui présente cependant l'intérêt de placer le drame individuel dans un contexte historique très particulier, à savoir la guerre d'Algérie. Il s'agit donc une peinture au vitriol, comme aurait pu l'imaginer Claude Chabrol, qui expose au spectateur le racisme criminel ordinaire de notables infiniment plus préoccupés de leur sécurité matérielle et sociale que de la mise au jour de la vérité. Nous sommes encore au temps où la peine de mort était applicable et le fait que le suspect arrêté soit maghrébin est une aubaine pour ces bourgeois, au racisme ouvertement claironné, ravis de trouver un bouc émissaire adéquat, afin de sauvegarder leurs secrets inavouables. Ce pharmacien, apparemment père tranquille passionné par la réparation de poupées articulées, se révèle progressivement un être beaucoup plus ambigu que ne le laissait supposer son coup de folie passager. 
 
   Cet ensemble de données complexes qui émergent peu à peu au fil d'un suspense grandissant, aurait pu donner naissance à un film profondément captivant. Le problème est que l'ensemble apparaît finalement assez artificiel, en raison d'une réalisation qui fait très téléfilm ordinaire, de dialogues convenus, ainsi que d'acteurs moyennement convaincants qui, pour un certain nombre, semblent davantage réciter leur texte que le vivre avec leur tripes. Même Jean-Pierre Darroussin, dont la sobriété émotionnelle ne peut en l'occurrence être critiquée, semble traverser ce drame sans s'y impliquer véritablement. Dommage...
   
Bernard Sellier