Brandon (Michael Fassbender) est obnubilé par le sexe. Il multiplie les conquêtes éphémères. Lorsque sa soeur Sissy (Carey Mulligan) débarque à l'improviste et s'installe dans son appartement, il vit la cohabitation très difficilement...
Voilà le genre de film qui laisse perplexe. C'est un truisme que de souligner la performance de Michael Fassbender qui, en écorché vif taciturne et tourmenté, se met à nu au propre comme au figuré. Totalement dépendant de pulsions incontrôlées, il incarne, avec autant de sobriété que d'authenticité, une image bouleversante de la souffrance psychologique, en l'occurrence d'une intensité proportionnelle à la richesse de son tableau de chasse. Réduites à l'état de caricatures bestiales de l'amour, les relations sexuelles de Brandon, qui voient le corps se déconnecter totalement du coeur et de l'âme, sont l'antithèse absolue d'une union tantrique. Mais, malheureusement, l'observation s'arrête là. Les décors crépusculaires s'affichent en parfaite adéquation avec l'obscurité intérieure, la solitude désespérée, qui rongent les personnages, et aucune lueur d'espoir ne pointe à l'horizon. Le plan final peut, à la rigueur, poser la question de savoir si le parcours de Brandon prendra la forme d'une spirale évolutive, ou s'enfermera dans une rotation mortifère sur un cercle à jamais figé.
Une œuvre profondément troublante, souvent fascinante, mais qui, à l'image de son héros pathologiquement introverti et perturbé, apparaît narrativement limitée.
Bernard Sellier