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Sharp objects,
      Saison 1,     2018 
 
de : Marti  Noxon, Jean-Marc  Vallée..., 
 
avec : Amy Adams, Patricia Clarkson, Matt Craven, Chris Messina, Eliza Scanlen, Miguel Sandoval, Taylor John Smith,
 
Musique : ??


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

   
La petite ville de Wind Gap dans le Missouri. Une fillette, Ann Nash (Kaegan Baron) vient d'être assassinée et une de ses amies, Natalie Keene (Jessica Treska) a disparu. La journaliste Camille Preaker (Amy Adams), qui travaille désormais à Saint Louis, revient dans la ville qui l'a vue grandir pour couvrir le drame. Parallèlement, le chef de la police Bill Vickery (Matt Craven) mène une enquête difficile avec l'aide d'un policier de Kansas City, Richard Willis (Chris Messina), dont la présence lui a été imposée... 
 
   Un meurtre, une disparition, des policiers et une journaliste qui sont à la recherche de l'assassin... Tout semble réuni pour composer un thriller sous haute tension. En fait, ce ne sera pas tout à fait le cas. Si tension il y a effectivement, et pas forcément celle que l'on attend, le thriller n'est pas vraiment de la partie. C'est en fait bien davantage une étude psychologico-historico-sociale qui domine rapidement la trame. Car dans cette petite cité qui paraît extérieurement un cocon paradisiaque, les relations humaines sont aussi tendues que sombres. Dans ce sud très imprégné encore par les idéaux des rebelles de la guerre de sécession, où l'on fête chaque année le 'Calhoun day', les ados désoeuvrés se livrent à des dérives plus ou moins tragiques pour tromper leur ennui, et les adultes n'en finissent pas d'user leurs langues de vipère pour détruire ceux ou celles qui les dérangent. 
 
   Sur le plan individuel, ce n'est pas plus brillant. Camille, traumatisée par des drames que le spectateur découvrira au fur et à mesure du récit, retrouve une mère, Adora Crellin (Patricia Clarkson), obsédée par la mort de sa fille Marianne, professionnelle de la culpabilisation, confite dans son rôle de notable locale, et complètement dépassée par les dérives de sa dernière fille, Amma (Eliza Scanlen). Quant à la potiche qui lui tient lieu de mari, Allan (Henry Czerny), il passe son temps à écouter de la musique classique au casque et dort sur le canapé. Autant dire que l'atmosphère, particulièrement bien rendue, est à couper au couteau, et que nous ne sommes guère surpris de voir Camille engloutir un ou deux litres de vodka rien que dans le premier épisode. 
 
   Le montage de cette série est particulièrement élaboré et rend parfaitement palpable aussi bien le trouble des personnages que le climat délétère qui pèse sur cette ville meurtrie par les drames, mais aussi minée par une profonde altération de son humanité. Quant à la réalisation de Jean-Marc Vallée, elle est d'une somptueuse richesse visuelle. Dommage tout de même que la profondeur des analyses soit assortie d'une grande lenteur qui donne à l'enquête un statisme parfois pesant. La performance d'Amy Adams est en revanche impressionnante de justesse et d'intensité. Et quelle sacrée puissance émotionnelle dans l'épisode final !
   
Bernard Sellier