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Shutter island,
      2010, 
 
de : Martin  Scorcese, 
 
  avec : Leonardo DiCaprio, Ben Kingsley, Mark Ruffalo, Michelle Williams, Max von Sydow, Patricia Clarkson, Ted Levine, John Carroll Lynch,
 
Musique : Gustav Mahler

   
   
1954. Le Marshal Teddy Daniels (Leonardo di Caprio) arrive sur l'île de Shutter Island en compagnie d'un collègue qu'il ne connaît pas, Chuck Aule (Mark Ruffalo). Ils ont pour mission d'enquêter sur la disparition d'une patiente, Rachel Solando, internée dans l'établissement psychiatrique de haute sécurité qui s'y trouve. Mais le directeur adjoint, Warden McPherson (John Carroll Lynch), pas plus que les psychiatres, John Cawley (Ben Kingsley), ou encore Jeremiah Naehring (Max von Sydow), ne semblent très disposés à fournir une aide efficace aux deux policiers... 
 
   Dès l'ouverture, c'est une atmosphère glaciale, oppressante, déstabilisante, qui saisit le spectateur pour ne plus le lâcher jusqu'au dénouement poignant. Entre ces deux extrêmes, la construction dramatique le manipule avec une habileté assez diabolique, malaxant tour à tour des thèmes aussi divers que la manipulation mentale, la paranoïa sécuritaire, l'expérimentation limite, la culpabilité individuelle, et furetant sans relâche à l'intérieur d'un écheveau aux fils inextricables, dans lequel réalité, affabulation et aberration se mêlent frénétiquement. Le résultat de la dissection à laquelle nous assistons progressivement provoque un furieux besoin de revisiter l'ensemble une nouvelle fois, afin de replacer les divers éléments manipulateurs dans leur contexte authentique. En cela, la réussite de Scorcese est tout à fait évidente. Peut-être est-il possible de regretter une surenchère dans les flash back, ou encore une réduction finale des ouvertures dénonciatrices que certaines séquences semblaient annoncer avec force. Il est malaisé d'entrer davantage dans le détail, sans déflorer une élaboration scénaristique aussi émouvante que tragique. Certaines attentes du cinéphile peuvent donc être estompées, mais il n'en demeure pas moins que l'oeuvre est maîtrisée avec talent, que les acteurs, Leonardo di Caprio en tête, sont immergés dans le drame avec une intensité troublante, et que l'on ressort de cette descente aux enfers, le cœur et l'âme bouleversés.
   
Bernard Sellier