La frontière mexicano américaine est sans cesse un lieu de massacres, souvent liés au trafic de drogue ou au passage de clandestins. La jeune Kate Macer (Emily Blunt), est envoyée sur le terrain, en compagnie de deux hommes ambigus, Alejandro (Benicio del Toro) et Matt Graver (Josh Brolin), afin de légitimer leurs actions contre un puissant membre du cartel de la drogue, Manuel Diaz (Bernardo Saracino). Mais les intentions ne sont pas claires...
La plongée d'une femme, même formée aux missions à haut risque, dans un milieu purement masculin, et, de plus, en situation de quasi guerre, ne manque pas d'intérêt et de piment. Dépassée par les événements, (ce qui est aussi parfois le cas du spectateur immergé dans une intervention pour le moins nébuleuse), la jeune femme se voit confrontée à l'explosion de sa droiture naturelle lorsque les véritables motivations de ses deux coéquipiers se dévoilent. Pourtant le résultat global ne génère guère l'enthousiasme. D'une part en raison d'une distanciation excessive envers les protagonistes, qui ne parviennent jamais à susciter davantage qu'un intérêt ponctuel. Alejandro et Matt demeurent en permanence des ombres abstraites, dépourvues de chair émotionnelle. Ensuite parce que l'action en elle-même, au demeurant réaliste (une longue scène nocturne en vision infra rouge), laisse étrangement indifférent. Pessimiste (les représentants de "l'ordre" se révèlent aussi sauvages que leurs cibles), souvent opaque, froide, la narration déroule son canevas de manière presque robotisée. Il n'en demeure pas moins que, fondamentalement, l'histoire a le mérite d'offrir au spectateur une plongée, hélas authentique, dans un monde où la vie ne possède aucune valeur. Affligeant !
Bernard Sellier