El silencio, Série, série de Aitor Gabilondo, commentaire

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El silencio,
       Série,     2023 
 
de : Aitor  Gabilondo, 
 
avec : Arón Piper, Almudena Amor, Aitor Luna, Cristina Kovani, Manu Ríos,
 
Musique : Zacarías M. de la Riva


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série...

 Un adolescent, Sergio Ciscar (Arón Piper), doté d'un QI de 154, assassine ses parents. Six ans plus tard, il est libéré sous surveillance électronique. Tous ses faits et gestes sont épiés par une psychologue, Ana Dussuel (Almudena Amor), sous la supervision du commissaire Cabrera (Aitor Luna). Sergio a pour seuls contacts un pasteur évangélique, Natanael (Ramiro Blas), et une jeune fille qu'il a connue en détention, Marta (Cristina Kovani). Son but premier est de retrouver sa soeur adoptive, Noa... 
 
 
 Le point de départ de la série est original, à défaut d'être toujours vraisemblable. Très intéressante l'idée de suivre pas à pas, minute après minute, les agissements d'un meurtrier mystérieux, qui a choisi d'observer un silence quasi absolu depuis son arrstation. Mais très étonnant aussi, et donc assez artificiel, le fait que des moyens aussi considérables (toutes les caméras de la ville sont au service de l'équipe !) puissent être alloués à un projet dont le but est uniquement de connaître la dangerosité du jeune homme. Une grande partie du récit est donc consacrée à la surveillance vidéo, avec, avouons-le, un bon nombre de plans qui sont du remplissage, et quelques réactions pour le moins surprenantes de la psychologue Anna, fascinée par Sergio, et entièrement focalisée sur son but quitte à laisser se produire des évènements dramatiques. Ce qui handicape le plus l'histoire, tout au moins dans le premier tiers, c'est l'inexpressivité des acteurs. Nous ne parlons pas de Sergio, puisque ce mutisme et cette taciturnité font partie de sa personnalité profonde, mais d'Ana (particulièrement monocorde), de Marta, de la tante, du commissaire.

 Bien que le fait ne soit pas clairement exposé, on s'attend à ce que le récit s'oriente vers deux directions : Sergio est-il vraiment l'auteur du meurtre ? Et s'il l'est, quelles sont ses motivations profondes. Dans la réalité, ces orientations se voient diluées au sein d'une intrigue floue à multiples entrées, où se rencontrent le problème des enfants surdoués, la maltraitance parentale, l'obsession de l'étude scientifique au détriment de l'empathie, la corruption de certaines autorités, la manipulation mentale (avec un Natanael particulièrement pourri), ou encore les essais thérapeutiques sauvages menés par certains laboratoires, ce qui est tout à fait d'actualité avec les «vaccins» de Pfizer. L'ennui, c'est que toutes ces composantes, en elles-mêmes fort intéressantes, sont seulement survolées, non abouties. Il y a un manque de liant évident entre la représentation de ces diverses thématiques à l'écran. Sans omettre le fait que certaines situations ne brillent pas toujours par leur vraisemblance. Pour des sujets aussi intimes et sensibles, les scènes, l'implication des acteurs (exception faite pour Sergio), et surtout les dialogues, tous manquent singulièrement d'intensité et de profondeur. Il est symptomatique que la personnalité de Sergio n'évolue quasiment pas au cours de l'histoire, bien que nombre d'évènements importants surviennent. Sur le plan purement esthétique, on peut se questionner sur la présence d'un certain nombre de plan surexposés, qui ne sont pas du meilleur effet. Le final est à l'image de l'ensemble : un mix déconcertant entre émotion authentique et situations à la limite de l'acceptable.
   
Bernard Sellier