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Les soeurs fâchées,
      2004, 
 
de : Alexandra  Leclère, 
 
  avec : Isabelle Huppert, Catherine Frot, François Berléand, Brigitte Catillon, Bruno Chiche,
 
Musique : Philippe Sarde

   
   
Martine Demouthy (Isabelle Huppert) et Louise Mollet (Catherine Frot) sont soeurs. Enfin, génétiquement parlant. Car pour ce qui est dela ressemblance, rien n'est moins évident. D'ailleurs, la première, mariée à Pierre (François Berléand) vit à Paris, dans un luxueux appartement et ne voit quasiment jamais la seconde, qui travaille au Mans dans un salon d'esthétique. Mais Louise s'est découvert une passion pour l'écriture, et les Editions Grasset la convoquent à Paris. Ravie de voir s'ouvrir une proposition flatteuse, elle débarque dans la capitale. La réception de Martine est plus que glaciale. Et l'atmosphère ne va pas vraiment se purifier pendant les deux jours qui précèdent le rendez-vous crucial... 
 
   Voilà le genre de film qui, si l'on a précédemment visionné la bande annonce, ne réserve pas vraiment de surprise, que ce soit dans le sens négatif ou dans le sens positif. On sait absolument à quoi s'en tenir avant la première image et les quatre vingt dix minutes prouvent que notre intuition était bonne. Cela dit, cette constatation ne signifie pas que le plaisir est absent ! Le scénario, des plus classiques (la personnalité "nature" va se révéler la goutte d'eau qui fait déborder le vase du mal-être et craqueler le masque du "tout baigne"), compte infiniment moins que la confrontation des deux actrices, sur lesquelles repose le charme du film. Isabelle Huppert est sèche, cassante, délibérément négativiste, aigrie, colérique, décochant les vacheries avec la rapidité d'un Goran Ivanisevic au service ! Catherine Frot endosse pour la énième fois son costume étriqué de petite bourgeoise primaire, hypersensible, logorrhéique, qui cultive la culpabilisation avec autant de talent et de constance que la maladresse chronique.  
 
   Une fois que l'on quitte ce face à face excitant, le reste laisse un goût légèrement préfabriqué, voire prévisible. Pierre (François Berléand, toujours fascinant de détachement résigné), et Sophie (Brigitte Catillon), la copine pimbèche, snob et, accessoirement, dévoreuse d'hommes, sont les deux seuls personnages secondaires qui tiennent une petite place dans l'évolution psychologique de Martine. Malheureusement, la narration se montre bien étale, sans véritables noeuds majeurs, sinon à l'extrême fin, même si, de place en place, se greffent des moments de sensibilité émouvante. Louise, très linéaire, est évidemment la plus jouissive, tandis que Martine, écorchée vive, se montre plus que convaincante dans son agressivité de survie. Et puis, n'oublions pas de mentionner la scène du repas mondain, au cours de laquelle Catherine Frot, grandiose, narre sa découverte de la grande passion !
   
Bernard Sellier