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Suburra,
     2015, 
 
de : Stefano  Sollima, 
 
  avec : WGreta Scarano, Jean-Hugues Anglade, Pierfrancesco Favino, Giulia Gorietti, Elio Germano, Claudio Amendola, Alessandro Borghi,
 
Musique : Pasquale Catalano, M83


   
Un ambitieux projet immobilier sur le front de mer d'Ostie doit prochainement voir le jour. Financé par le Vatican et orchestré par plusieurs groupes mafieux sous l'égide du 'Samouraï' (Claudio Amendola). Le député Filippo Malgradi (Pierfrancesco Favino) est aussi partie intégrante de l'affaire. Mais au cours d'une soirée sexe et drogue qu'il affectionne, une mineure décède... 
 
    C'est alors le début d'un compte à rebours vers ce qui est dénommé, tout au long des cinq jours du récit, 'l'apocalypse'. Le terme est sans doute excessif pour désigner ce qui n'est, au final, qu'une suite de réglements de comptes temporaires entre les différents pouvoirs. Mafieux, politiques et religieux. Ce dernier domaine est d'ailleurs relativement épargné, puisque les collusions entre les initiateurs du projet et le Vatican sont réduits au minimum. Est-ce un désir d'épargner autant que possible l'état pontifical ? Nul ne le sait. Toujours est-il que la scène se joue principalement entre les différentes instances de la société civile. L'entrée en matière est quelque peu embrouillée, les personnalités ne se découvrant que très progressivement. Puis l'engrenage infernal et mortifère s'enclenche, pour ne plus faiblir jusqu'au dénouement. 
 
   Rigueur, sérieux, intensité, noirceur et hyperviolence sont les maîtres mots de cette oeuvre au pessimisme assumé et visitée par une sauvagerie parfois à la limite de la complaisance. Rome, la ville lumière, la ville éternelle, est ici une métropole inondée de pluie, de nuit, de corruption, de maîtres chanteurs, de lâches, d'assassins, de politiciens aussi dépravés que véreux, et de réglements de comptes sordides. Certes, les personnalités sont tranchées, quelquefois taillées à coups de serpe, mais l'intensité générale des actions, la frénésie qui habite certaines figures, la puissance des ambitions ou des convictions, procurent au récit une puissance dévastatrice et envoûtante qui donne souvent le frisson. Dommage que la musique instrumentale répétitive, genre Philip Glass, qui accompagne certaines scènes se montre aussi exaspérante !
   
Bernard Sellier