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Evelyn bay, une petite ville côtière d'Australie. Kieran Elliott (Charlie Vickers) et sa femme Mia (Yerin Ha) viennent passer quelques jours ches ses parents, Brian (Damien Garvey) et Verity (Robyn Malcolm). Kieran retrouve certains amis d'enfance, mais aussi Liam (Julian Weeks), dont le père est mort quinze ans plus tôt en même temps que Finn, frère aîné de Kieran. Liam se montre très agressif envers ce dernier, qu'il rend responsable du drame. Le lendemain, la jeune Bronte (Shannon Berry), qui désirait parler à Mia de la disparition de Gabby Burch, leur amie commune, est retrouvée noyée...
Le début de l'histoire est un petit peu brouillon. Le spectateur doit redoubler d'attention s'il veut parvenir à situer chaque personnage dans son contexte familial et dans ses relations avec ceux qui l'entourent. Heureusement la clarté s'installe assez rapidement et l'on voit se développer la vie d'un microcosme aux émanations toxiques dans une petite station balnéaire australienne. Le moins que l'on puisse dire est que les relations sont plus que tendues, entre secrets, non-dits, agressivités larvées, souvenirs traumatisants, le tout couronné par l'assassinat d'une jeune fille entêtée qui voulait faire toute la lumière sur la disparition de celle qui était complètement oubliée, Gabby. Il faut dire que, dans ce pays où le rugby est un sport national, les mâles sont les rois dans les familles. L'enquête avance avec lenteur, mais le récit se concentre sur les relations humaines, qui, bien souvent, prennent la forme de rancœurs plus ou moins explosives. La barque de l'émotionnel est très chargée, mais elle ne chavire jamais grâce à une maîtrise des explorations intimes, toujours justes et pertinentes. Trois personnalités se distinguent : tout d'abord le patriarche, Brian Elliott (Damien Garvey), impressionnant autant par sa stature que par sa pathologie mentale, qui fait de lui un être fragile. Ensuite Trish Birch (Catherine McClements), mère de Gabby et d'Olivia, qui ne survit qu'en conservant l'espoir forcené que sa fille est toujours vivante. Enfin Verity, d'une expressivité aussi subtile qu'extraordinaire, écartelée entre l'amour qu'elle porte à sa petite fille, Audrey, et une haine larvée envers son fils Kieran, qu'elle juge responsable de la mort de son frère.
Certes, tout n'est pas parfait dans cette courte série. La narration tire un peu en longueur avant que le dénouement n'éclate. Mais la série parvient à rendre profondément touchants ces personnages meurtris, liés par les secrets, les culpabilités, les amitiés, les espoirs et l'amour.
Bernard Sellier