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Les survivants,
     (Alive),      1993, 
 
de : Frank  Marshall, 
 
  avec : Vincent Spano, Ethan Hawke, Josh Hamilton, John Newton, Bruce Ramsay, Illeana Douglas,
 
Musique :  James Newton Howard

   
   
1972. Les membres de l'équipe de rugby d'une petite ville de l'Uruguay, Carrasco, affrètent, en compagnie de parents et amis, un avion pour se rendre au Chili, où ils doivent affronter des adversaires, battus un an plus tôt. Une erreur de pilotage au-dessus de la Cordillière des Andes provoque la catastrophe. Se croyant sortis des cimes, les pilotes volent trop bas et l'appareil se brise en deux après avoir heurté la montagne. Dans la partie avant, un certain nombre de passagers sont indemnes. Ils espèrent un sauvetage rapide, d'autant qu'un avion les survole. Mais, au bout de huit jours, le responsable de l'équipe, Antonio Balbi (Vincent Spano), capte sur une petite radio une information pour le moins désespérante : les recherches ont été abandonnées. Commence alors une longue attente dans un froid polaire... 
 
   Tant par la réalisation (très discrète, pour ne pas dire transparente), que par l'approche événementielle authentique (Nando Parrado (Ethan Hawke), principal "héros" du drame, a séjourné plusieurs semaines sur les lieux pour donner des conseils et des informations à l'équipe de tournage), le film s'apparente davantage à un documentaire avec acteurs, qu'à une véritable création fondée sur des faits réels. Cela n'est d'ailleurs aucunement une limitation dommageable, car l'horreur vécue par ces malheureux, contraints de surmonter avalanches, neige, froid, agonie des blessés, absence de nourriture, et abandon des sauveteurs, est suffisamment poignante pour compenser tous les artifices pathétiques qu'un scénariste inspiré aurait pu produire.  
 
   Frank Marshall, dont l'activité principale semble être surtout la production (ses deux autres films "Arachnophobie" et "Congo" ne font pas partie des oeuvres inoubliables...), a eu l'intelligence et la décence de ne pas s'appesantir sur ce qui avait, à l'époque, marqué les (petits) esprits : à savoir que les survivants avaient été contraints d'utiliser la chair des morts pour se nourrir. C'est avant tout le drame humain, intérieur et extérieur, qui tient la première place : chacun est placé, par le "destin", devant sa personnalité véritable, confronté à ses croyances, à ses peurs, à ses doutes, à ses dogmes. Le supplément, dans lequel les principaux personnages : Nando Parrado, Roberto Canessa, Carlitos Páez..., interviennent personnellement, est tout à fait indispensable pour prendre conscience de la globalité du drame. Tous habitent encore (en 1993) dans la petite ville de Carrasco, sont évidemment soudés intimement par leur vécu, et côtoient chaque jour les familles qui n'ont pas vu revenir l'un des leurs. Ce qui génère obligatoirement une attitude permanente dans laquelle respect et non-dits doivent cohabiter avec équilibre. C'est également dans ces interviews que sont abordées les expériences de "NDE", quasiment initiations spirituelles, vécues par certains protagonistes. Saluons aussi, pour une fois, l'attitude de l'Eglise, qui n'a vu dans l'acte "anthropophagique" des rescapés qu'une action positive pour maintenir la vie... 
 
   Horrible, mais passionnant.
   
Bernard Sellier