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Le tailleur de Panama,
     (The tailor of Panama),      1987, 
 
de : John  Boorman, 
 
  avec : Pierce Brosnan, Geoffrey Rush, Catherine McCormack, Jamie Lee Curtis, Brendan Gleeson, Daniel Radcliffe, Harold Pinter,
 
Musique : Shaun Davey

  
   
En raison de ses frasques, peu appréciées en haut lieu, Andrew 'Andy' Osnard (Pierce Brosnan) est envoyé par Londres en mission à Panama. Dès son arrivée, il fait connaissance d'un homme solidement implanté dans le milieu anglophone local, Harold 'Harry' Pendel (Geoffrey Rush), tailleur de son état. L'homme se prétend d'ailleurs héritier d'une lignée célèbre de tailleurs, alors qu'en fait, il n'a appris son métier qu'en prison, ayant mis le feu à l'entreprise de son oncle Benny (Harold Pinter), pour que celui-ci touche l'assurance. Osnard entreprend de faire chanter Pendel afin d'obtenir des informations sur les éventuels mouvements de résistance au gouvernement en place. La femme de Pendel, Louisa (Jamie Lee Curtis), travaille dans un service officiel, mais garde le secret sur ses activités... 
 
   Est-il possible qu'une simple affabulation change le destin d'une nation, bouleverse à jamais le cours de l'histoire ? Oui, si l'on en croit cette fiction inspirée d'un roman de John le Carré, qui, malgré son apparente futilité, n'est peut-être pas si éloignée que cela de la réalité. L'homme est doté d'un tel appétit, qu'il est capable de gober n'importe quelle couleuvre, aussi énorme soit-elle, pourvu que son ingestion soit génératrice d'une enflure de son compte en banque. Pierce Brosnan aborde, entre deux James Bond ("Le Monde ne suffit pas" et "Meurs un autre jour"), un rôle en demi-teinte, endossant la personnalité d'un pseudo-espion infatué de sa personne, mufle et cynique, mais d'une étoffe plus voyante que réellement noble. Le réalisateur nous plonge avec réalisme dans une atmosphère poisseuse, faussement enjouée, sans doute très représentative de celle qui règne à Panama, et le dérisoire de l'intrigue initiée par Osnard résonne harmonieusement avec elle. Mais l'équilibre est difficile à tenir, et la coexistence du drame (Marta (Leonor Varela), défigurée par les tortures subies sous le régime de Noriega ; Michelangelo 'Mickie' Abraxas (Brendan Gleeson), brisé par les tortures endurées en prison), et d'une certaine légèreté décontractée, donne naissance, au final, à une oeuvre intéressante, mais superficielle, voire assez peu excitante. Hormis le personnage de Pendel, naïf, tendre et touchant, magistralement incarné par Geoffrey Rush, on conserve peu de souvenirs de cette magouille pitoyable dans laquelle l'argent est l'éternel meneur de jeu impitoyable.
   
Bernard Sellier