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La tentation de Vénus,
     (Meeting Venus),     1991, 
 
de : Istvan  Szabo, 
 
  avec : Glenn Close, Niels Arestrup, Etienne Chicot, Macha Méril, Erland Josephson,
 
Musique : Richard Wagner

   
   
L’opéra « Tannhaüser » de Wagner doit être monté à Paris. Il est fait appel pour la direction d’orchestre à un chef peu connu d’Europe centrale, Zoltan Szanto (Niels Arestrup), tandis que la cantatrice principale est Karin Anderson (Glenn Close), une vedette internationale. Zoltan arrive dans la capitale et ne tarde pas à se heurter à la bureaucratie tatillonne et aux syndicats, en particulier leur représentant,Toushkau (Etienne Chicot, parfaitement odieux). Les interprètes font leurs caprices, l’avance sur son cachet n’est pas débloquée, les répétitions sont un cauchemar et le comble est atteint lorsque arrive la diva, capricieuse et méprisante à souhait… 
 
   Ce film, mi-drame, mi-comédie, est un délicieux et sympathique fourre-tout. Un condensé, parfois très caricatural, d’étude sociale, psychologique, symbolique, musicale… On y trouve de tout, des chorégraphes homosexuels, des nazillons agressifs, une cantatrice qui passe le plus clair de son temps à tricoter, une autre qui drague le chef d’orchestre, un chanteur complexé qui demande à loger dans un petit hôtel de Boulogne afin d’être proche des usines automobiles et de se fournir en peinture pour son garage, des musiciens qui s’interrompent en pleine répétition parce que le réveil a sonné et que leur quota d’heures est terminé… Bref, un éventail exagérément boursouflé, mais toujours jouissif qui émaille le film de moments hilarants. 
 
   Reste le couple vedette et son relation évolutive intéressante à plusieurs titres. Au travers de son déchirement entre sa femme et sa passion pour Karin , est représenté humainement le dilemme archétypal qui est le fondement du drame wagnérien : l’écartèlement de l’homme entre Vénus, l’amour sensuel et Elisabeth, l’amour « sage ». 
 
   Glenn Close est brillantissime dans l’incarnation de cette diva extravertie, volcanique et ogresse délicieuse. 
 
   Mais le plus mémorable est, à mon sens, le personnage de Zoltan Szanto, subtilement interprété par Niels Arestrup, tour à tour timide, orgueilleux, fragile, profondément humain et attachant. De prime abord écrasé par l’aura envahissante de son interprète, il va peu à peu découvrir la voie de la liberté tant professionnelle qu’émotionnelle. 
 
   Le réalisateur est parvenu, grâce à de courts extraits judicieusement choisis, à rendre passionnante cette plongée dans les coulisses d’un opéra qui n’est pas d’un abord facile, tant par sa langue, que par la trame mélodique beaucoup moins abordable pour le non mélomane que la plupart des œuvres de Verdi ou même de Puccini.
   
Bernard Sellier