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Tess,
      1979, 
 
de : Roman  Polanski, 
 
  avec : Nastassja Kinski, Peter Firth, John Collin, Rosemary Martin, Leigh Lawson, Carolyn Pickles, Suzanna Hamilton,
 
Musique : Philippe Sarde

 
   
Tess Durbeyfield (Nastassja Kinski) vit très pauvrement avec ses petits frères et soeurs, sa mère, ainsi que son père, fainéant alcoolique. Celui-ci apprend un jour du pasteur qu'il est probablement apparenté à une grande famille aristocratique, les d'Urberville. Envoyée par les siens auprès des survivants de la célèbre lignée, Tess fait la connaissance d'Alec (Leigh Lawson), qui abuse d'elle et l'engrosse. Le nourrisson meurt peu après sa naissance, sans que le père ait été informé de ce drame... 
 
   Dans une époque où la pauvreté se cumulait, pour la femme surtout, à une condition d'esclave de l'homme, les tragédies s'amoncelaient avec une constance et une obstination qui ne peuvent que tirer des larmes et faire vibrer le coeur du spectateur le plus indifférent. En théorie, du moins. Car, en l'occurrence, le parcours sombre de la malheureuse Tess laisse quasiment de marbre ! Les raison en sont multiples.  
 
   La première tient à un déficit chronique de matière, non pas tant dans les noeuds dramatiques majeurs, assez restreints, il est vrai, mais plutôt dans les intervalles moins "tendus", qui, s'ils n'affichent pas le même aspect spectaculaire, permettent d'insuffler la vie aux personnages, de les rendre profondément humains, grâce aux notations psychologiques que génèrent les péripéties secondaires, même de minime importance. Or, dans le cas présent, c'est le grand calme, l'électro-cardiogramme plat, qui, malheureusement, sombre dans le vide et détache irrémédiablement le spectateur du destin de l'héroïne.  
 
   La seconde tient à la langueur du rythme adopté, certes en accord avec le tempérament effacé, taciturne de Tess, mais qui, allié à la durée importante du film, dilue la tension au point de la rendre diaphane. 
 
   Enfin, la mise en scène hyper-classique ne contribue guère à rendre émouvant, palpitant, saisissant, ce tableau particulièrement statique, ennuyeux et terne, dans lequel la sobriété, pour une fois, se révèle plus un handicap qu'une qualité valorisante.
   
Bernard Sellier