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Titanic,
     1997,  
 
de : James  Cameron, 
 
  avec : Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Billy Zane, Kathy Bates, Bill Paxton, Bernard Hill, Gloria Stuart,
 
Musique : James Horner

 
   
1996. Brock Lovett (Bill Paxton), un chasseur de trésors renommé, explore l'épave du Titanic, qui a sombré par 3800 mètres de fond, 84 ans plus tôt. Il espère découvrir dans l'épave un diamant fabuleux, le "Coeur de l'océan", qui vaut une fortune. Le robot explorateur remonte à la surface un vieux coffre. Mais dans celui-ci, pas de pierre précieuse. En revanche, le portrait d'une jeune et belle femme. Loin de là, une vieille dame de 101 ans, Rose Calvert Dawson (Gloria Stuart), voit à la télévision une interview de Brock. Elle le contacte et se fait connaître : elle est la dame du portrait... En avril 1912, elle embarquait avec sa mère Ruth (Frances Fisher) et son fiancé, le richissime Caledon 'Cal' Hockley (Billy Zane)... 
 
   La dramatique traversée du paquebot prétendu insubmersible est bien connue. Le déroulement des événements et le sort des 2200 personnes disparues sont parfaitement connus et codifiés. Pas question ici d'un quelconque suspense, tout au moins concernant le destin du transatlantique. Nous ne sommes plus dans une fiction haletante comme le fut quelques années plus tôt le merveilleux "Abyss". La justesse des faits est rigoureusement suivie, jusque dans le minutage du naufrage qui est quasiment respecté.  
 
   Il est inutile de s'étendre sur l'exceptionnelle reconstitution opérée par les équipes du film, époustouflante de vérisme, car elle a été, avec juste raison, unanimement célébrée. Chaque aspect de la tragédie, chaque décor, chaque caractérisation des groupes humains, ne méritent que des superlatifs. L'idée géniale d'ouvrir le récit par un aspect documentaire, permettant de relier, grâce au fil d'une mémoire humaine, le temps présent et celui du début du dix-neuvième siècle, contribue encore à renforcer la crédibilité de l'ensemble. 
 
   Mais la réalisation de James Cameron ne se contente pas de se positionner en chef d'oeuvre absolu du genre "film catastrophe". Contrairement à ses consoeurs qui ont pour habitude de mettre en avant, plus ou moins artificiellement, une douzaine d'individus hétéroclites, les dotant de quelques traits grossiers qui tiennent lieu de personnalité psychologique, Cameron compose une véritable intrigue romantique et sociale qui, à elle seule, serait capable de donner naissance à un scénario palpitant. Que ce soit dans les soirées des élus de la première classe, où le champagne et les banalités de salon coulent à flot, que ce soit dans les festivités irlandaises endiablées, où bière et whisky enflamment les corps, la justesse de ton est telle que le spectateur a l'impression de participer à la vie du navire, d'être propulsé au milieu de ces passagers condamnés à l'horreur. Issus de ces deux mondes qui, non seulement s'ignorent, mais surtout se méprisent, Rose et Jack (Leonardo DiCaprio), qui a gagné son billet grâce au poker, réalisent la conjonction des contraires, que Romeo et Juliette ont jadis immortalisée.  
 
   Mais ils ne phagocytent pas l'attention. Autour d'eux, tout un monde intensément vivant grouille. Ruth, la mère égocentrique, méprisante et glaciale ; Caledon, le macho cynique et révoltant ; Spicer Lovejoy (David Warner), le majordome patibulaire et dangereux ; Molly Brown (Kathy Bates comme toujours extraordinaire de présence), la parvenue méprisée par la classe dans laquelle sa richesse lui permet d'évoluer ; le Capitaine Smith (Bernard Hill), anéanti par l'erreur commise ; Thomas Andrews (Victor Garber), le concepteur du navire, atterré par le drame que personne n'aurait osé imaginer... Tous occupent une place indispensable, qui ne relève en rien de l'opportunisme ponctuel. Ils sont intégrés totalement dans la vie générale qui s'écoule sous nos yeux. Romantisme et réalisme ont bien rarement formé un couple aussi harmonieux. Quant à la musique, qui sait se faire discrète, elle communie à merveille avec cet ensemble fascinant. Génial !
   
Bernard Sellier