Tombstone, film de George Pan Cosmatos, commentaire

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Tombstone,
     1993, 
 
de : George Pan  Cosmatos, 
 
  avec : Kurt Russell, Val Kilmer, Bill Paxton, Charlton Heston, Powers Boothe, Michael Biehn, Sam Elliott, Jason Priestley, Dana Delany, Michael Rooker,
 
Musique : Bruce Broughton


 
Wyatt Earp (Kurt Russell), shériff légendaire de Dodge City, a décidé de mener une vie tranquille et de se retirer à la campagne avec sa femme malade, Mattie Blaylock (Dana Wheeler-Nicholson), ses deux frères, Virgil (Sam Elliott), Morgan (Bill Paxton) et leurs épouses. Ils ont choisi la ville de Tombstone, sur laquelle règne, par la terreur, Curly Bill Brocious (Powers Boothe) et sa bande de cow-boys. Wyatt retrouve avec plaisir son ami Doc Hollyday (Val Kilmer), joueur de poker et buveur invétéré, plus atteint que jamais par la tuberculose. Les trois Earp se lancent dans les affaires et sont bien décidés à jouir de la vie. Mais bientôt le vieux Marshall de la ville, Fred White (Harry Carey Jr.), est abattu par Brocious, ivre mort... 
 
 Inspiré, comme son modèle de 1957 ("Règlements de comptes à OK.Corral"), par l'histoire plus ou moins véridique du célèbre Shériff, et sorti un an avant le "Wyatt Earp" de Lawrence Kasdan, "Tombstone" ne commence pas sous les meilleurs auspices. Le film bénéficie (mais est-ce réellement un atout ?) d'une éclatante distribution, allant jusqu'à faire apparaître, pour deux minutes, le vétéran Charlton Heston en propriétaire terrien. Kurt Russell a le visage mangé par une moustache un tantinet ridicule, Val Kilmer en fait beaucoup dans le genre "cadavre ambulant provocateur", le sol de Tombstone semble avoir été soigneusement ratissé dix minutes avant les prises de vue, le style cinématographique lorgne de manière peu subtile vers un modernisme clinquant... Bref, l'artificialité semble étendre son voile anti-créatif sur l'entreprise. De plus, la trame événementielle est parfois un peu brouillonne, les raccourcis scénaristiques ne font pas dans la discrétion, et si les personnages sont nombreux, ils manquent souvent d'épaisseur (c'est évident pour Brocious, qui incarne tout de même en théorie le méchant !). 

 Pourtant, sur la durée, l'intérêt finit par se densifier. Certes, le spectateur n'a pas de raisons de trépigner d'enthousiasme, mais quelques moments forts lui sont offerts, pimentant quelque peu le tissu familier des duels, chevauchées et autres impératifs traditionnels du genre. L’œuvre finit par devenir attachante, quelques individualités émergent de la masse (la troublante Joséphine (Dana Delany), épicurienne et libérée avant l'heure du carcan moral imposé aux femmes), et la musique, romantique à souhait, se déchaîne dans les moments tendres. C'est du classique, sans innovation, qui repose avant tout sur une galerie d'acteurs charismatiques et sur une "légende historique" inusable...
   
Bernard Sellier