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Top of the lake,
     Saison 1,     2013, 
 
de : Jane  Campion, 
 
  avec : Elisabeth Moss, Peter Mullan, Thomas M. Wright, David Wenham, Holly Hunter,
 
Musique : Mark Bradshaw

 
   
Dans une petite ville de Nouvelle Zélande, une jeune fille de 12 ans, Tui Mitcham (Jacqueline Joe) fait preuve d'un comportement inquiétant. La police découvre qu'elle est enceinte. Robin Griffin (Elisabeth Moss), inspectrice spécialisée dans le domaine des agressions sexuelles, tente en vain de la faire parler. Pendant ce temps, un groupe de femmes plus ou moins traumatisées par la vie, conduites par GJ (Holly Hunter), s'installe dans un lieu nommé "Paradise", ce qui provoque la fureur du père de Tui, Matt Mitcham (Peter Mullan)... 
 
   Tout comme dans le film qui l'a rendue célèbre, "La leçon de piano", Jane Campion focalise ici le drame sur des personnalités féminines blessées, traumatisées, psychologiquement souffrantes. Que ce soit la jeune Tui, l'enquêtrice, le groupe qui a choisi de s'installer à Paradise, toutes ont été plus ou moins les victimes d'un machisme primaire profondément ancré dans une société pervertie et archaïque. C'est d'ailleurs cette opposition entre une nature impressionnante de beauté et une humanité malade de sa noirceur, qui frappe d'emblée et fascine. L'intrigue policière passe rapidement au second plan, tandis que se développent diverses investigations psychologiques plus ou moins convaincantes. Car il apparaît assez rapidement que la narration tourne en rond sans trop savoir quelle orientation adopter. Quelques moments intenses s'invitent, mais autour d'eux flottent nombre de digressions longuettes, voire pesantes, dont le spectateur a parfois du mal à capter l'intérêt. Il y a des amorces de pistes policières, des évocations fantastiques, des incursions pseudo mystiques (avec une GJ et sa cohorte de femmes-perroquets qui frisent parfois le ridicule), des plages de souffrance intense. Le problème est que l'ensemble, bien que traité de manière originale, souffle le chaud et le froid et s'étire plus que de raison, ce qui finit par nuire à l'empathie que l'on peut porter à certaines situations, à certains personnages, dont l'affliction est diluée dans une soupe aux ingrédients de qualité et d'intérêt inégaux. Quant au dénouement final (car il y a des pré-dénouements...), parachuté de manière aussi incongrue qu'improbable, il synthétise à lui seul les qualités de l'œuvre : forcenée, intense, mais boursouflée, douteuse, et souvent ennuyeuse...
   
Bernard Sellier