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Tout peut arriver,
      (Something's gotta give),     2003, 
 
de : Nancy  Meyers, 
 
  avec : Jack Nicholson, Diane Keaton, Frances McDormand, Keanu Reeves,
 
Musique : Hans Zimmer


   
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Tu m'aimes ? Moi non plus ! '

   
Harry (Jack Nicholson), la soixantaine bedonnante, mais toujours verte, s'apprête à passer un week-end explosif en compagnie de la jeune et jolie Marine ( ). Malheureusement, la maison de campagne qui devait être vide voit arriver la mère, Erika (Diane Keaton) et sa soeur, ....(Frances McDormand), peu ravies de découvrir un étranger sous leur toit. Comble de malchance, Harry est victime d'un petit accident cardiaque. Soigné par le docteur .....(Keanu Reeves), il reçoit l'autorisation de quitter l'hôpital, à condition de demeurer dans les parages. Erika, venue terminer dans le calme sa dernière pièce de théâtre, se voit attribuer le rôle ingrat de garde malade... 
 
   Cette variation sur les difficiles adaptations amoureuses imposées tant par l'âge, que par le traumatisme d'un divorce, ou encore par la peur forcenée de s'engager, commence d'une manière assez peu engageante. Toute la partie : rencontre, observation, agressivité mutuelle, sent la fausse spontanéité et la fabrication d'un objet policé selon les standards classiques de la comédie américaine, qui nous sont fréquemment servis. Les personnages sont caricaturaux : Erika est coincée, prude, refoulée. Harry est un vieux beau qui drague pathologiquement toutes les minettes qui n'ont pas atteint vingt-cinq ans, pour se persuader qu'il est encore dans le Top 10 amoureux. Il y a même la soeurette qui vient faire son petit numéro de brillante spécialiste pour qui les cinquantenaires n'ont pas de secret, et disparaît ensuite. 
 
   Puis, la promiscuité et un coup de pouce scénaristique aidant (l'attitude d'Erika se métamorphose bien rapidement !), la relation entre les deux personnages évolue de manière plus élaborée, tandis que l'on assiste à un "épluchage de l'oignon" de chacun. Les carapaces se lézardent, les sentiments et une émotion vraie font leur apparition, un parallèle intelligent, quoique conventionnel, se développe entre la vie d'Erika et la trame de sa pièce, qui prend la forme d'une thérapie. Ce laborieux accouchement de l'authenticité dans deux tempéraments perturbés, s'offre, à la fin, une mélancolie assez poignante. 
 
   Il y a surtout deux merveilleux acteurs (car il faut préciser que les rôles dits "secondaires", le sont ici vraiment. Même Keanu Reeves hérite d'un personnage de faire-valoir assez falot. Seule une belle et courte scène entre Marine et sa mère retient l'attention.). Nicholson, fidèle à sa légende, sourire carnassier, oeillades assassines, avec, tout de même, les fissures que le temps implacable impose aux séducteurs les plus indestructibles. Et Diane Keaton, délicieuse, dont le visage traduit avec un charme inégalable et une sensibilité à fleur de peau, les moindres soubresauts du corps, du coeur et de l'âme. Ce charme qui semble naître d'une intense lumière intérieure. Un régal...
   
Bernard Sellier