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Trepalium,
       2015, 
 
de : Vincent  Lannoo, 
 
  avec : Pierre Deladonchamps, Léonie Simaga, Charles Berling, Ronit Elkabetz, Olivier Rabourdin, Aurélien Recoing,
 
Musique : Thierry Westermeyer


   
Depuis trois décennies, une muraille infranchissable sépare les "actifs", représentant 20% de la population, des 80% restants, les "zonards", qui n'ont aucun travail, et, de ce fait, n'ont pas l'immense privilège de boire de l'eau pure. Le Ministre du travail, fait prisonnier par les zonards, est sur le point d'être libéré, grâce à l'action de sa femme, le premier Ministre. Celle-ci, afin d'obtenir un nouveau prêt de la banque mondiale, décide de tirer au sort 10 000 exclus pour leur permettre de venir travailler. De la sorte, tout semblera aller pour le mieux dans le meilleur des mondes... 
 
   Le sujet ne manque pas de pertinence, d'autant plus que l'avenir, même proche, semble promettre une destruction massive du nombre d'emplois. A ce sujet, il peut être particulièrement intéressant de prendre connaissance du "Venus project", initié par Jacque Fresco et Roxanne Meadows, popularisé par différents films, tels "Zeitgeist : moving forward" ou encore "Paradise or oblivion". On y trouve une conception d'un monde futur fondé sur des conceptions radicalement différentes de l'économie ou de la création technologique. 
 
   Mais revenons-en au film. Puissance oppressive et mortifère des gouvernants, expansion gangrénante d'une haine méprisante devenue instinctive envers les exclus ou les handicapés, développement d'une collaboration avec les persécuteurs pour des raisons qui semblent positives, manipulation des masses... Les sujets de réflexion ne manquent pas. L'univers futuriste glacé est rendu de manière sobre mais assez convaincante, grâce, en particulier, à des personnages zombies qui semblent totalement désertés par les zestes d'humanité encore vaguement présents chez quelques "exclus". Le problème majeur est que le spectateur peut éprouver une difficulté certaine à s'impliquer émotionnellement dans cette fresque apocalyptique glaçante et bavarde. Il n'est guère étonnant que ce soit Arte qui ait produit cette série, ambitieuse, mais terriblement intellectuelle. Tout cela manque de corps, de chair, même chez les rejetés, pourtant au premier rang de la rébellion rageuse. Même la révolte finale, expédiée en un quart d'heure, semble dérisoire. Lorsqu'on fait le bilan de ces cinq heures, il ne reste guère que deux ou trois personnages qui impriment leur marque émotionnelle. Izia (Léonie Simaga), Ruben (Pierre Deladonchamps), dans la seconde moitié, et Jeff (Achille Ridolfi), le simplet attendrissant. Quant au couple venimeux mère fille Nadia (Ronit Elkabetz) Zoé (Sarah Stern), il oscille entre artificialité, indifférence et cocasserie visuelle. Le bilan global est plus que mitigé. Y aura-t-il une suite ? Le petit twist final semble rendre l'éventualité plausible. Nous ne nous y précipiterons pas...
   
Bernard Sellier