Eddie Duchin (Tyrone Power) arrive à New York, persuadé que le chef d'orchestre Leo Reisman (Larry Keating), qu'il a rencontré quelque temps plus tôt, va l'engager en tant que pianiste pour jouer au célèbre "Casino". Mais c'est la désillusion. Grâce à la belle et influente Marjorie Oelrichs (Kim Nowak), il est cependant accepté comme bouche-trou. Cependant son succès grandit de jour en jour et il accède au rang de vedette. Il devient amoureux de sa jeune protectrice et l'épouse. Elle attend un enfant. Leur vie est merveilleuse. Mais le destin tragique frappe à la porte...
Cette œuvre est beaucoup plus qu'une "love story" larmoyante et prévisible, même si les ingrédients du drame sont omniprésents. Tout débute effectivement comme un conte de fées. Ascension artistique, professionnelle, passion, extase... Et la chute, aussi douloureuse que soudaine. Commence alors une longue descente aux enfers de l'isolement et de la séparativité. Oscillant entre débordements frénétiques d'énergie et dépression profonde, Tyrone Power est, du point de vue émotionnel, majestueux et inoubliable dans le rôle de cet être hypersensible, qui s'exprime avec tant d'aisance à travers la musique, et avec tant de difficultés dans la communication verbale. Mais, qui plus est, il se montre totalement convaincant dans ses interprétations pianistiques. Si, parmi les très nombreuses scènes musicales, inspirées, tour à tour rythmiquement enlevées ou empreintes d'une mélancolie profonde, certaines s'étirent quelque peu, il n'en reste pas moins que l'ensemble respire une noblesse rare et procure une émotion dont la sobriété renforce l'impact. Plus encore que les deux femmes qui marqueront sa vie amoureuse, la véritable héroïne demeure la musique. Initiatrice dans la première partie de son existence qui verra la brève union avec Marjorie, elle devient réconciliatrice dans la seconde moitié de l'oeuvre, lorsque l'incommunicabilité pathologique avec son fils Peter (Rex Thompson) devient une plaie béante intolérable.