Tueurs nes, film de Oliver Stone, commentaire

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Tueurs nés,
    (Natural born killers),    1994, 
 
de : Oliver  Stone, 
 
  avec : Woody Harrelson, Juliette Lewis, Robert Downey Jr., Rodney Dangerfield, Pruitt Taylor Vince, Tom Sizemore, Tommy Lee Jones,  
 
Musique : Brent Lewis


   
Mickey Knox (Woody Harrelson) fait un jour la connaissance de Mallory (Juliette Lewis), qui subit les violences de son père (Rodney Dangerfield). Après l'avoir liquidé, ainsi que sa femme, ils partent tous deux à l'aventure. Leur parcours est semé de cadavres. Un policier, Jack Scagnetti (Tom Sizemore), se lance à leur poursuite avec acharnement, tandis que Wayne Gale (Robert Downey Jr.), présentateur célèbre de l'émission culte "American Maniacs", ne rêve que de les avoir comme vedettes de sa production. 
 
   Sans conteste le type d'oeuvre qui ne peut laisser personne indifférent ! Une sorte de "Funny Games" complètement déjanté, dopé à l'adrénaline pure, dans lequel se télescopent, avec une frénésie démesurée, massacres en tous genres, images en noir et blanc, cadrages houleux, incursions de bandes dessinées, ruptures de ton, fausses sitcoms, reportages, plans clipesques, visions psychédéliques et, en certaines minutes rarissimes, de fugitifs instants de poésie éthérée... Si Oliver Stone a souhaité procurer au spectateur une idée du foutoir sanguinaire et barbare que sont les esprits de Mickey et Mallory, il a parfaitement atteint son but. C'est éprouvant, affolant et bouleversant !  
 
   Mais, ce qui est le plus remarquable, c'est que cette folie démoniaque n'est pas circonscrite à l'univers interne des deux tourtereaux psychotiques. Le monde qui les entoure n'est pas mieux loti ! Entre Jack Scagnetti, inquiétant flic maniaque, Wayne Gale, capable de n'importe quelle bassesse pour obtenir ce qui lui permettra de grimper dans l'audimat, et Warden Dwight McClusky (Tommy Lee Jones), directeur de prison totalement à la masse, on ne sait à qui donner la palme du délire majuscule. Le réalisateur et l'auteur de l'histoire, Quentin Tarentino, dont on retrouve aisément le goût pour les carnages extrêmes, ont choisi (tout au moins dans cette version de 1h45, car il paraît qu'un autre montage infirme cette constatation) de ne prendre aucun recul par rapport au déroulement des événements, ce qui n'est pas sans provoquer un malaise permanent. Malaise d'ailleurs encore renforcé par le plan final. La condamnation sans concession des médias est évidente, mais son intégration dans une tornade générale de jouissance criminelle libératrice laisse pour le moins perplexe ! Quel que soit l'impact de ce maelstrom sur les nerfs, l'émotionnel, l'intellect des spectateurs, il est de toute manière indéniable que l'oeuvre marque de façon indélébile, tant par le fond que par la forme. Mickey et ses lunettes orange, Mallory et son sourire carnassier, ne sont pas des personnages que l'on oublie de sitôt !
   
Bernard Sellier