Un + Une, film de Claude Lelouch, commentaire

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Un + une,
        2015, 
 
de : Claude  Lelouch, 
 
  avec : Jean Dujardin, Elsa Zylberstein, Christophe Lambert, Alice Pol, Rahul Vohra, Venantino Venantini,
 
Musique : Francis Lai, Frédéric Chopin

   
 
Antoine Abeilard (Jean Dujardin) est un célèbre compositeur de films et un irrésistible Don Juan. Sa dernière conquête est une jeune pianiste rencontrée sur un quai de gare, Alice Hanel (Alice Pol). Il la quitte momentanément pour se rendre en Inde, étant chargé de composer la musique d'une version locale de "Juliette et Roméo". A Mumbai, il est reçu par l'Ambassadeur de France, Samuel Hamon (Christophe Lambert), et, à l'occasion du dîner de gala offert en son honneur, fait la connaissance de l'épouse de son hôte, la charmante Anna (Elsa Zylberstein)... 
 
 50 ans après "Un homme et une femme", 30 ans après "Un homme et une femme, 20 ans déjà", Claude Lelouch compose ici une sorte de troisième volet, dont les liens avec les oeuvres précédentes sont évidentes, ne serait-ce que par la chronique intimiste de l'idylle précaire et embarrassée qui est au centre de l'histoire. Ou, anecdotiquement, par ce clin d'oeil qui fait se rencontrer Antoine et Alice sur le quai d'une gare. Le couple formé ici par le musicien et l'ambassadrice est évidemment plus moderne que celui de Jean-Louis Trintignant et d'Anouk Aimée. La personnalité bouillonnante de Jean Dujardin, débordant de jouissance existentielle, explose à chaque plan. Quant à la pétulante Anna, toute en délicatesse et en fragilité maîtrisée, elle illumine chaque scène de sa grâce magnétique. 
 
 Comme à son habitude, en gourmand de l'amour et en passionné du genre humain qu'il est, le réalisateur tisse un cocon chaleureux à cette histoire en l'insérant dans un univers insolite, décalé, bien éloigné de nos chemins policés, à savoir l'Inde grouillante, bigarrée et constamment surprenante. Mais il dépasse l'immédiateté de l'attirance amoureuse, en introduisant une dimension mystique et une aspiration vers notre divinité intérieure. Et, grâce à la verve qui habite le scénario, grâce à l'ironie et à l'auto-dérision jubilatoire d'un Jean Dujardin magistral, grâce à la spontanéité légère d'une Elsa Zylberstein craquante de bout en bout, cette quête initiatique se fait aérienne, ingénue, loin de l'austérité qui lui est souvent accolée. Elle prend l'apparence d'Amma (Mata Amritanandamayi), la Sainte "qui embrasse", bien connue en France puisqu'elle vient régulièrement, deux fois par an, à Paris et à Toulon, fin octobre, début novembre. Et le sourire de cette femme exceptionnelle, incarnation de l'Amour absolu, couronne avec magnificence ce conte aussi enchanteur que profondément humain. 
 
 P.S. Pour l'anecdote, et afin d'illustrer cette Inde dans laquelle "tout est possible", vous pouvez visionner la très courte vidéo d'un étrange "marcheur" que nous avons rencontré récemment (11/2015) lors de notre voyage au Rajasthan.
   
Bernard Sellier