Usual suspects, film de Bryan Singer, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Usual suspects,
         1995, 
 
de : Bryan  Singer, 
 
  avec : Stephen Baldwin, Gabriel Byrne, Benicio del Toro, Kevin Spacey, Kevin Pollack, Chazz Palminteri,
 
Musique : John Ottman


 
New-York. Un braquage d'un camion chargé d'armes a eu lieu. Plusieurs suspects sont interrogés par Dave Kujan (Chazz Palminteri), inspecteur des douanes. Il y a là Dean Keaton (Gabriel Byrne), ex-flic ripoux plusieurs fois condamné, qui s'est fabriqué une vie apparemment honnête dans la restauration ; Michael McManus (Stephen Baldwin), roi de l'effraction ; Fred Fenster (Benicio del Toro) ; Todd Hockney (Kevin Pollack), expert en explosifs ; Roger 'Verbal' Kint (Kevin Spacey), truand minable, de plus handicapé du bras et de la jambe gauches. Une fois relâchés, ils montent un vol de diamants auquel participe, un peu contre son gré, Keaton. Six semaines plus tard, dans le port de San Pedro, un navire brûle avec de nombreux morts, dont Keaton. Kint est à nouveau interrogé par Kujan... 
 
 Si l'on ne s'attache qu'aux diverses séquences prises individuellement, on est en présence d'une suite de scènes policières classiques, pas spécialement spectaculaires, pas toujours passionnantes, aux dialogues pour le moins à ras de terre. On ne compte plus les "va te faire foutre", ou autres "enculé"... Bref, l'ensemble ne s'élève pas vraiment beaucoup au-dessus du tout venant basique, même si le montage est souvent brillant (voir la scène finale sur le navire) et la distribution remarquable. Mais... Car il y a évidemment un grand "mais"... Le scénariste, Christopher McQuarrie, a eu l'idée géniale d'introduire dans cet ensemble d'actions, quelquefois nébuleuses, qui s'entremêlent, un personnage énigmatique, qui constitue une sorte de fil d'Ariane à ce puzzle savamment agencé. Et d'un coup, une implacable logique se fait jour dans cet écheveau labyrinthique, qui paraissait au commencement plus qu'inextricable. Ce Keiser Söze, incarnation du malin, dont personne ne sait rien, mais dont maintes légendes se colportent, devient d'un coup le personnage principal, la moteur invisible d'une machination machiavélique, dont la clé explose à l'ultime fin de manière jouissive et surprenante. Cette présence subliminale grandit au fur et à mesure que l'histoire revisite, en flash-back, les différentes étapes de cette course à l'anéantissement du groupe de truands. La construction est brillante, complexe, et deux visions successives ne sont pas de trop pour clarifier quelque peu dans son esprit la perspective générale du drame. Tous les acteurs sont excellents avec, évidemment, une prime spéciale au subtil et envoûtant "Verbal" Kint de Kevin Spacey ! 
 
 Excitant, ludique, roublard, intelligent. Dommage, tout de même, que la psychologie des personnages (exceptés Kint et Keaton), soit réduite à sa plus simple expression. Mais cet état de marionnette manipulée est incontestablement en accord avec la construction scénaristique. Exercice de style hyper-brillant, sans doute, factice, peut-être, mais le résultat est en tout cas captivant !
   
Bernard Sellier