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La vague,
      (Die Welle),       2008, 
 
de : Dennis  Gansel, 
 
  avec : Jürgen Vogel, Frederick Lau, Max Riemelt, Jennifer Ulrich, Christiane Paul, Christine do Rego,
 
Musique : Heiko Maile

  
   
Rainer Wenger (Jürgen Vogel), professeur, propose une réflexion sur l'autocratie, dans le cadre d'une semaine thématique. De nombreux élèves, attirés par son charisme, décident de participer au cours. Mais son approche didactique ne fait pas l'unanimité, même auprès de sa femme, Anke (Christiane Paul), professeur elle aussi... 
 
   Le propos est simple. Rainer l'expose d'ailleurs de manière claire, au tout début de l'histoire, en posant aux élèves de sa classe la question suivante : Une dérive comme celle du nazisme serait-elle capable de renaître à l'échelle d'un pays ? La réponse primaire est spontanée : Non, bien sûr, c'est impensable. Et pourtant... Il ne fait pas de doute que le principal reproche que l'on peut faire au film est la schématisation extrême du propos. Ce ne sont pas 90 minutes qui suffisent à explorer la lente dérive de consciences juvéniles vers un totalitarisme débridé. Mais une fois acceptés cette réduction et ces raccourcis, force est de reconnaître que l'intérêt de l'histoire est majeur. Il est souvent proposé en cours de philosophie une réflexion sur l'utilité pédagogique de l'histoire. Si l'on se place sur le plan de l'étude intellectuelle pure, l'immense majorité des humains ne peut qu'être horrifiée devant les monstruosités commises par les tyrans, qu'ils se nomment Néron, Hitler, Staline ou Pol Pot. Mais cette réaction naturelle est celle d'esprits individuels, placés dans un contexte serein. Cette situation idyllique sera vite métamorphosée, si quelques conditions favorables son réunies : perte de repères parentaux, fragilité psychologique, sentiment d'infériorité, proposition extérieure d'un idéal, promotion de valeurs fortes, sensation flatteuse et vivifiante d'appartenir à une communauté, plaisir égotique d'accomplir une mission avec le groupe, et, surtout, désignation d'un ou plusieurs ennemis à combattre, puisqu'ils sont responsables de tous les maux. Alors le propos est sans doute ici très démonstratif, effectivement. Il n'en demeure pas moins profondément utile, d'autant plus que Jürgen Vogel incarne avec tout l'ambiguïté nécessaire ce John Keating ("Le cercle des poètes disparus") très prosaïque, et que le dénouement ne manque ni d'intelligence ni de force.
   
Bernard Sellier