Le Vent de la Plaine, film de John Huston, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Le vent de la plaine,
        (The unforgiven),       1960, 
 
de : John  Huston, 
 
  avec : Burt Lancaster, Audrey Hepburn, Audie Murphy, John Saxon, Charles Bickford, Lilian Gish, Doug McClure,
 
Musique :   Dimitri Tiomkin


   
Malgré la mort de William Zachary, tué quelques années plus tôt par les Indiens Kiowas, sa femme Mattilda (Lilian Gish) ainsi que ses quatre enfants, Ben (Burt Lancaster), Cash (Audie Murphy), Andy (Doug McClure) et la jolie Rachel (Audrey Hepburn), mènent une vie paisible et heureuse dans une région désertique. Un jour, arrive un étrange vieil homme, Abe Kelsey (Joseph Wiseman), qui se prétend l'épée du Dieu de la vengeance. Son apparition semble inquiéter grandement Mattilda... 
 
   Une oeuvre construite sur un scénario dépouillé, sobre, limpide, qui fait la part belle, pour ne pas dire unique, aux émotions, aux sentiments, à la psychologie de personnages simples, mais profondément humains, dans leurs faiblesses comme dans leurs idéaux. Illuminée de bout en bout par la sensibilité, la grâce, la radieuse beauté d'Audrey Hepburn, l'oeuvre se développe avec lenteur, dessinant progressivement les fractures qui vont s'ouvrir dans les coeurs et les amitiés des membres de la famille Zachary, tout comme de leurs voisins et associés. Dans un temps où la haine Indiens-Blancs, inexorable, prend le pas sur toutes les autres valeurs, la révélation qui s'impose peu à peu, et paraît naturelle, anodine, à tout observateur extérieur, prend ici la forme d'un coup de tonnerre capable de fracasser les liens les plus solides. Capable d'embraser les esprits et de transformer un racisme larvé (même Ben n'y échappe peut-être pas totalement, comme le suggère sa réaction vis à vis de Johnny Portugal (John Saxon)), en une violence extrême. Si Ben se révèle, grâce en partie à l'autorité naturelle et noble de Burt Lancaster, particulièrement intense dans sa détermination, ce sont en fin de compte les deux femmes qui imposent leurs personnalités riches et fascinantes. L'une, Mattilda, par la complexité de son attitude, l'autre, Rachel, par le déchirement intérieur dû à l'éclatement de la vérité. L'inné domine-t-il l'acquis ? Les liens du sang peuvent-ils se révéler plus forts que l'affection vécue ? Une oeuvre toute en pudeur, grave, poétique, dans laquelle les émotions parlent plus haut que les armes.
   
Bernard Sellier