La vie très privée de Monsieur Sim, film de Michel Leclerc

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

La vie très privée de monsieur Sim,
       2015, 
 
de : Michel  Leclerc, 
 
  avec : Jean-Pierre Bacri, Vimala Pons, Isabelle Gélinas, Vincent Lacoste, Mathieu Amalric, Felix Moati, Carole Franck, Valeria Golino, Venantino Venantini,
 
Musique : Vincent Delerm

  
   
François Sim (Jean-Pierre Bacri) est dépressif. Et il y a de quoi, puisque sa femme Caroline (Isabelle Gélinas) l'a quitté, et qu'il est inactif. Mais la chance semble lui sourire. Un ami lui procure un poste de commercial pour une brosse à dents révolutionnaire, et il fait la connaissance d'une jeune fille, Poppy (Vimala Pons)... 
 
   Hormis Jean-Pierre Bacri, il y a probablement fort peu de comédiens qui habitent depuis plusieurs décennies une catégorie de personnages aussi restreinte. A savoir le dépressif bougon et taciturne. Et, pour ne pas faillir à la tradition, le film commence de manière très fidèle au modèle, avec une petite nuance notable, puisque François cherche à nouer le contact avec autrui. Même si c'est dans la maladresse, l'intrusion et quelquefois, au final, un mortel ennui. 
 
   Puis démarre un roadmovie passablement anarchique, dans lequel le solitaire commercial cherche désespérément un sens à sa vie, et conjointement l'acceptation d'une filiation pour le moins hasardeuse. Cette errance mélancolico-dépressive est traversée, avec plus ou moins de bonheur ou d'intensité, de flashback qui donnent un peu d'éclairage au mal-être permanent de monsieur Sim. De plus elle est accompagnée, lourdement, de l'aventure authentique vécue par un navigateur anglais, Donald Crowhurst, qui fit croire à la planète qu'il était en tête d'un tour du monde en solitaire, alors qu'il se laissait dériver. Le spectateur n'a aucune difficulté à établir un parallèle entre les deux parcours. Mais il faut avouer que, au fur et à mesure que François s'enfonce dans sa dérive géographique, et converse avec son GPS, la lassitude gagne du terrain, au point que, lorsqu'il semble avoir trouvé, lors de sa dernière communication téléphonique, une orientation nouvelle qui constitue peut-être sa bouée de sauvetage, il y a belle lurette que son destin nous est devenu indifférent. Et cela malgré le talent incontestable de Jean-Pierre Bacri.
   
Bernard Sellier