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Vivarium,
      2019, 
 
de : Lorcan  Finnegan, 
 
  avec : Jesse Eisenberg, Imogen Poots, Senan Jennings,
 
Musique : Kristian Eidnes Andersen

   
   
Gemma (Imogen Poots) et son ami Tom (Jesse Eisenberg) sont à la recherche d'une maison. Ils rendent visite à un étrange agent immobilier, Martin (Jonathan Aris), qui leur propose de visiter une villa qui fait partie d'un ensemble appelé Yonder. C'est le numéro 9. Lorsque les deux tourtereaux se rendent compte que leur guide s'est volatilisé, ils décident de quitter les lieux. Le problème, c'est qu'ils se retrouvent sans cesse devant le numéro 9... 
 
   On pense immédiatement au cultissime "Prisonnier". Mais ici, pas d'environnement pimpant. Les centaines de villas aussi vertes que photocopiées à l'infini donnent tout juste envie de se flinguer. Pas d'aspect ludique. Pas de personnes avenantes qui vous saluent d'un gracieux 'Bonjour chez vous'. Dans ce cauchemar labyrinthique aux nuages formatés, c'est le grave et le dramatique qui domine. 
 
   Le principe de base est assez intéressant et intrigant. Mais, comme toujours avec ce genre de concept radical, deux questions fondamentales se posent rapidement : comment le récit va-t-il s'en sortir ? Et quel est le message que veut faire passer le réalisateur ? Pour ce qui est de la seconde question, nombre de critiques ont vu dans cette histoire improbable une condamnation virulente du consumérisme à outrance. Il faut vraiment avoir une bonne vue ! Car si, de fait, l'alignement de ces milliers de cubes semblables représente bien une forme de fourmilière abjecte, nos deux jeunes amoureux, visitant presque par hasard le lotissement, sont bien loin de symboliser l'acharnement du rêve américain ou britannique de posséder sa bâtisse et son lopin de terre. Peut-être l'avènement de l'enfant-Roi ? Pourquoi pas ? A vrai dire, on n'a pas tellement envie de s'interroger sur les arrière-plans brumeux de l'histoire.
   
    Quant à la première question, elle ne se résout pas avec davantage d'enthousiasme. On ne peut, devant ce concept intellectuellement insolite, mais très abstrait, que se demander : que diable Lorcan Finnegan, réalisateur et co-scénariste, a-t-il bien pu vouloir exprimer ? Reconnaissons que nous sommes bien trop limités mentalement pour trouver dans ce cauchemar circulaire bien joué autre chose qu'un objet visuellement inquiétant, mais parfaitement artificiel.
   
Bernard Sellier